par Bibinato » 13 Déc 2011 15:11
A Paris, il existe des jardins partagés de quartier dont les adhérents mangent les légumes, sans s'empoisonner, à ma connaissance.
La terre fournie provient de Seine et Marne ou d'Essonne, et même si elle est assez chargée en produits chimiques agricoles divers dans un premier temps, au bout de quelques rotations de plantes nettoyeuses et d'amendements sous forme de compost, elle redevient de très belle qualité et les légumes peuvent être très beaux et précoces, car les jardins sont souvent situés dans des interstices abrités, avec des murs réfléchissant bien la lumière (comme dans les anciens et fameux vergers "murs à pêches" de Montreuil et Bagnolet). Presque tous ont installés des systèmes de récupération de l'eau de pluie, pour éviter d'arroser avec l'eau de la ville, pas mal chlorée. (Il est à noter une particularité remarquable de Paris, qui bénéficie d'un double système d'adduction d'eau : l'eau de la Seine, non traitée, pour l'arrosage des parcs publics, et l'eau de la Seine toujours, mais captée en amont, et traitée, pour l'eau potable, hélas, pour le moment, les jardins partagés sont raccordés au réseau d'eau potable...)
Pour le moment, la production agricole parisienne est à vocation plus pédagogique que nourricière, car Paris n'est pas une ville aérée comme Londres ou Berlin et l'habitat y est particulièrement dense. C'est en période de grave pénurie, comme pendant les restrictions de l'Occupation Allemande, il y a plus de 60 ans maintenant, qu'on a vu la transformation des Jardins des Tuileries en champs de pomme de terre, et les fours domestiques se transformer en clapiers à lapins.
Des projets existent de végétaliser les toitures, et il y a déjà une réalisation sur le toit d'un magasin de sport Porte de Montreuil (initialement prévu pour un faire un terrain de foot), ainsi que dans le 20ème arrondissement, sur le toit d'un gymnase, mais à cause du climat humide indéniable, les toits traditionnels sont en zinc et inclinés, les toits-terrasses sont rares, difficiles et coûteux à étanchéifier.
Il existe encore des parcelles de jardins familiaux (autrefois jardins ouvriers) à Bagnolet, juste de l'autre côté du périphérique, ceux-ci ont plus clairement une vocation nourricière pour ceux qui en bénéficient.
Pour finir de brosser le tableau, mais je ne sais pas si vous le faites entrer dans le thème "agriculture en ville", il existe à présent à Paris de nombreuses ruches qui donnent un miel excellent, quoique onéreux (la récolte est difficile, les ruches étant très dispersées).
Le bon mot d'Alphonse Allais, "il faudrait mettre les villes à la campagne" est en fait une réalité historique française : les plus grosses villes sont installées auprès des terres les plus fertiles, capables de nourrir une population importante qui ne cultivait pas elle-même. Avec la désastreuse politique urbaine du lotissement pavillonnaire, intensifiée ces 40 dernières années, ces terres fertiles sont pour le moment perdues pour la communauté.