Bonjour,
Ben en fait, le propriétaire terrien à fait marche arrière… Je ne m’installerai pas dans le Nord de la Marne où on peut voir cette ferme horticole en photo satellite.
J’ai commis une erreur stratégique en lui parlant de mon intention de convertir les terres à la bio (avant d’avoir signé.) Ce qui impliquait un plan des cultures très éloigné de sa façon de penser.
Lui a pratiqué toute sa vie de la cavalerie ; c’est vrai qu’il est convenablement enrichie, mais tel n’est pas mon objectif.
Je suis assez vite retombé sur mes pieds ; j’avais comme qui dirait d’autres atouts dans mes manches, et j’ai rejoint un GAEC de terriens et d’éleveurs de porcs sur 140 hectares de terres, dans le Sud de la Marne.
Eux sont de la confédération paysanne, donc plus à même de visualiser des systèmes de productions autonomes et diversifiés ou des systèmes économiques locaux et durables, du moins différent que ceux dirigés par la PAC.
C’est ce que je ressens quand je parle « métier » avec ces agriculteurs syndicalisés et militants.
En fait, je m’y sens bien mieux, et le bail à ferme pour une surface de 2 hectares-11 ares-25 centiares est signé pour 9 ans ; donc selon notre droit rural, il n’y a pas de retour en arrière possible tant que je paye mes fermages, et que je ne commette pas d’infractions citées sur ce même code.
Que ce soit ces terres ou d’autre, je vais néanmoins répondre à tes questions.
Comme suite à notre conversation en Belgique, je m’intéresse à la permaculture d’un point de vue économique et social, pour une autre façon de commercer les produits issus de la terre.
Une autre façon de les consommer également, mais là je pense que ça dépend de l’éducation, la communication en vers les consommateurs ; des choses qui ne sont pas à ma portée, du moins elles ne sont pas de mon domaine de compétences.
La transmission des savoirs est cruciale pour moi, et celle que définie Steve Read par la philosophie du compagnonnage me séduit d’autant plus que je suis convaincu que les agricultures durables et tout ce qui les entourent, peuvent répondre à un ensemble de malaises, de crises à travers le monde.
Je sais en revanche que sur le milliard d’indigents de la faim dans le monde ; même si ce terrible nuage change de position sur la planète à chaque décennie depuis une cinquantaine d’années, six cent millions sont des agriculteurs qui n’ont pas, qui n’ont plus ! Qui ont perdu les connaissances et les savoirs ruraux.
A mon humble niveau, je sais que l’ensemble des techniques culturales et même High tec ne sont pas connues, et pour le moment pas à la portée de l’ensemble des agriculteurs du monde.
J’imagine et je crois que l'apprentissage permacole peut résoudre ce phénomène grandissant ; je soutiens que ça peut être un autre départ pour les agriculteurs, sous entendu que l’agriculture est la base de l’économie, l’étai de toutes les créations des hommes.
« Qu'est-ce que tu veux faire avec ton terrain ? »
--Techniquement, de l’horticulture 4 branches ; c’est mon métier depuis… Tout le temps.
En activité principale : De la pépinière d’élevage, de la culture légumière et du maraîchage, un peu d’arboriculture fruitière et un peu de petits fruits.
Donc plus précisément, la production de jeunes plants d’arbustes à baies comestibles ou nectarifère, et une production de jeunes plants de vivaces comestibles ; ça c’est la pépinière d’élevage !
Les produis seront à vendre aux cultivateurs, car directement à mettre en place, le jeune plant enraciné se développe avant l’émergence des adventices envahissantes optimisant ainsi le désherbage et le passage des engins. c'est un marché qui va bien, mais qui réclame 2 à 3 ans d'immobilisation.
La culture légumière et le maraîchage : en plein champs et sous abri froid, ça permet d’une part une rentrée de trésorerie rapide dans l’année, ce n’est pas à négliger.
D’autre part, par les apports donnés à la terre ; le maraîchage permet d’envisager une rotation des cultures efficace… Je ne m’étendrai pas sur les avantages phytosanitaires de la rotation des cultures.
Comme je cultive selon le cahier des charges « Nature et progrès » le maraîchage est accompagné par la culture des fleurs en plein champs… Je ne m’étendrai pas davantage sur les techniques des cultures associées.
L’arboriculture fruitière, en l’occurrence les arbres qui donnent des fruits à pépin ; c’est ma spécialité et je ne vais pas m’en priver. Tout comme la culture arbustive fruitière ou « les petits fruits »
Les produits frais seront à vendre par abonnement à des associations, car j’encourage l’action associative ; c’est mon sentiment.
Voila le prévisionnel pour les cinq prochaines années à venir si la déesse Déméter me le permet.
« C'est quoi tes besoins pour être heureux ? »
« Qu'est-ce qui te plait dans la vie ? »
--Ben mon ami, je ne saurais te répondre correctement, je ne suis pas assez affuté intellectuellement pour ces questions là ; juste que mes besoins sont de continuer à vivre, car il m’arrive d’en jouir et que ça me plait.
« Comment envisages-tu de répondre à tout cela par le biais de la permaculture ? »
--Ce « Tout ça. » J'espère, je peux, je compte le faire moi-même ! J’estime avoir assez d’expériences pratiques et techniques pour le mettre en place.
J’ai bien entendu toujours besoin de conseils voir de leçons, mais bon ! En face il y a du répondant agronomique, soit dit en passant.
(Hors sujet, je t’en ai parlé à Nethen ; j’ai été agréablement surpris et enchanté, de constater que les permaculteurs maniaient avec aisance et justesse les vocabulaires botaniques et agronomiques. La seule chose qui nous sépare est la formation préalable à ces connaissances et les écoles fréquentées pour les recevoir.)
D’abord je partage tes propos quand tu soulignes sur ce forum ou d’autres que la permaculture n’est pas une méthode spécifique pour cultiver des produits issus de la terre ; s’arrêter à ça est très réducteur pour un plombier, un maçon, un menuisier, un comptable, un informaticien, un banquier ou un technicien de nettoyage de surfaces… Vers qui les connaissances permaculturelles sont accessibles.
Perso, je considère l’agriculture comme une sorte d’entité indispensable à l’existence permanente des humains sur la planète terre ; je présume que je suis un des nombreux éléments, un outil supplémentaire qui lui permet de rester vivante et en mouvement.
La permaculture comme un savoir, une façon de penser et gérer pour réagir autrement face à l’adversité ; ce qui permettrait de rendre l’outil que je suis, plus performant.
Par exemple : Vis-à-vis de ce désert végétal du sud de la Marne, où je me retrouve perdu quelque part…
Réorganiser un groupement des producteurs pour une diversification des productions en polyculture-élevage, un réaménagement du paysage agricole par des technique de la biodynamie pour l’aménagement de l’espace rural ; ce qui engendrerait une nouvelle économie de proximité plus harmonieuse que celle en place actuellement, soit pour l’arrondissement local :
110 000 habitants pour une superficie de 2 330 Km carré ; ce qui fait à peu de choses près 2 hectares par habitants, sachant que 96% des cultures ne leur sont pas destinées. Pour moi, c'est un départ.

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