J'explique : J'ai un double projet. Je veux une présentation courte (pas barbante ni trop technique) de ce qu'est la permaculture.
- C'est d'une part pour essayer de sensibiliser un mouvement politique local avec lequel je suis en contact qui évoque le bio, le local et va jusqu'à envisager une "ceinture maraichère" tout autour de l'agglo pour nourrir les cantines en légumes bio locaux. Seulement je voudrais les pousser aussi vers la permaculture, que ce soit pour l'application par le service espaces verts, pour les choix et aides à l'implantation de nouveaux agriculteurs, ou que ce soit vis-à-vis des sensibilisation et conseils vis-à-vis des jardiniers dans la ville. En plus, à par quelques fruitiers, les jardiniers dans le coin semblent connaître patates, tomates, piments, choux, poireaux et éventuellement concombre ou ail. La biodiversité c'est, pour eux, un truc lointain voire exotique à protéger, mais ils ne voient pas le rapport avec leur potager ou leur (non) haies.
- C'est d'autre part pour expliquer simplement et brièvement ce que je fais et ce qu'ils peuvent faire aux personnes (des connaissances) à qui je vais laisser un bout de terrain à cultiver. L'idée de laisser quelques parcelles à d'autres, dans un esprit de DIY et d'autosuffisance, c'est bien mais faut un peu que j'explique pourquoi certaines pratiques (qui sont souvent les premiers réflexes : labourage, arrosage, désherbage...) sont impensables. Ici, se sont des personnes qui souvent ne connaissent pas du tout la permaculture mais sont assez proches de l'esprit et disposées à apprendre. Ce rajoutera ici des explications sur des éléments plus personnels, tels ceux liés à mon anti-espécisme (on ne tue pas de bestioles même limaces, pas d'élevage...).
Et donc j'ai commencé à rédiger une courte présentation qui me servira de base pour les deux projets. Que j'adapterais ensuite aux spécificités de chacun. Enfin court... beaucoup moins que ce que j'espérai.
J'aimerais beaucoup avoir votre avis.
La permaculture c'est une façon de voir les choses, pas une recette.
Masanobu Fukuoka ont observé des anciens terrains agricoles à l'abandon, comparés à des terrain exploités, ou se sont questionné sur l'humus dans les forêts et sa formation. Ils ont tiré des hypothèses de leurs observations, et les ont mis en application. Moins que des techniques, ils offrent des exemples. Parce que ce qui se fait au Japon ne peut pas être reproduit au Canada. Ce qui pousse en milieu acide, ne pousse pas en terrain alcalin. Etc. Justement, la permaculture c'est, pour une grande part, observer et s'adapter. Il faut se remettre en question, en permanence, et tirer profit de ces expériences positives comme négatives (boucle rétroactive).
Cet esprit d'adaptation induit aussi d'utiliser des plantes et ressources adaptées à l'endroit où l'on cultive. Les variétés résistantes et rustiques sont privilégiées. Plutôt qu'utiliser des béquilles, il vaut mieux ne pas en avoir besoin. On va laisser des plantes attirer les pollinisateurs. D'autres repousser les ravageurs et parasites. Des haies vont attirer les prédateurs des limaces. La permaculture c'est encore le principe d'abondance. Si les mulots mangent 1 kilo de carottes ou autres racines, et bien prévoir 2 ou 3 ou plus de kilos de production supplémentaire à la récolte désirée. Il faut prévoir les pertes et aléas et avoir de la marge. On ne produit jamais trop (pas de déchets, voire plus bas). On peut donner aux voisins, etc. Et si vraiment on ne sait plus comment écouler une partie, elle revient au potager sous forme de paillage et composte. Le gaspillage, c'est de laisser de l'énergie solaire ne pas être absorbée par les plantes.
De plus un permaculteur observe beaucoup, mais économise les ressources, dont l'énergie, même la sienne ou plus largement celle humaine. Il laisse la nature faire au maximum le travail. Il va, par exemple, choisir une plante qui se resème elle-même, et va la laisser le faire. Il laisse les vers, les taupes, les racines, la vie organique, etc. décompacter le sol (voir plus bas). Il n'arrose pas tous les matins... en fait jamais ou presque. (Surtout pas d'arrosage avec de l'eau souterraine ou du robinet, à cause des minéraux dont sodium.)
Pas de labourage : "Retourner la terre, ça fait mal au dos, ça fout tout à l'envers. C'est comme si vous alliez vous mettre la tête dans le bassin, les poissons rouges sur la pelouse." Yves Gillen
Pourquoi ? Parce qu'on cultive avant tout le sol et que le retourner tue tout ce qui y vit. Les lombrics sont les seuls à produire le fameux complexe argilo-humique. Ils se nourrissent de matière végétale en décomposition, donc encore organique et non minérale. Il faut donc de la matière organique dans le sol. De plus, c'est toute la vie du sol qui se nourrit de matière organique. En fait, la permaculture s'appuie beaucoup sur l'observation de la forêt et de la façon dont se forme l'humus. Il faut diverses couches et de l'épaisseur, où des vers, des bestioles grouillantes (insectes, cloportes, milles-pattes...), des acariens, des champignons et des bactéries se développent. Les micro-organismes sont tués par la lumière solaire. Le sol doit donc être couvert en permanence, que ce soit de plantes, de feuilles mortes, ou de tout autre paillage. Les couches ne doivent jamais être mélangées, car certains organisme ont besoin d’oxygène et seraient asphyxiés en profondeur, tandis que des bactéries anaérobies sont tuées si elles sont remontées vers la surface. Favoriser l'aération naturelle (dont taupes !). Laisser les racines, etc.
Ne pas produire de déchet, c'est à dire ce qui ne peut pas être réutilisé. Un plant dont a cueilli les fruits n'est pas un déchet. Les feuilles et tiges serviront de paillage qui se transformera en composte. Les racines ne sont pas arrachées. Elles sont importantes pour maintenir et décompacter le sol, en se développant, puis restant et enfin en se dégradant toujours sur place. Les nodules bactériens attachés aux racines de légumineuses vont relâcher l'azote assimilable par les plantes environnantes.
L'agriculture conventionnelle cultive les ennuis. Car, pour remédier à un problème, la solution apportée apporte plusieurs autres problèmes. Par exemple, le labourage décompacte le sol, mais tue les lombric, expose les mico-organisme aux UV mortels, favorise le lessivage, etc. Un traitement contre une maladie ou un ravageur, va détruire les champignons du sol, réduire la pollinisation, polluer la terre et l'eau. Il en va de même pour la sélection des variétés, qui conduit à des traitements et apports pour pallier au fait qu'elle soit inadaptée. La permaculture, au contraire, observe l'ensemble et ne propose pas des solutions qui entraînent d'autres problèmes. C'est plus souvent un procédé qui apporte plusieurs bénéfices à la fois. La mélisse protège les choux des papillons parasites tout en attirant les abeilles et se développe facilement en couverture végétale. Les associations de plantes sont souvent des solutions gagnant-gagnant. Favoriser la vie du sol permet de recycler, d'aéré le sol, de renouveler les nutriments, de gérer l'eau, etc.