par Maxime Leloup » 28 Juil 2008 23:09
En effet, on parle souvent de mauvaises herbes, alors que l'on pourrait plutôt parler de mauvais jardinier, on arrête ainsi de se considérer comme une victime, le problème est la solution ! Ces mauvaises herbes produisent facilement un surplus puisque l'on se contente "seulement" de récolter, mais à condition de bien gérer nos prélèvements, ce qui est loin d'être évident. C'est une bonne occasion d'illustrer le troisième principe éthique présenté dans le designers' manual : "setting limits to population and consumption", ainsi que le fait de d'utiliser d'abord ce qui est présent avant d'essayer de l'améliorer. Si on exploite trop une ressource, ce qui est le cas lorsqu'il y a surpopulation, elle s'épuise. Un équilibre est à atteindre (ne prélever que le system yield, le surplus produit par le système considéré), ce qui demande de la pratique et des connaissances. Les chasseurs-cueilleurs (foragers en anglais) étaient obligés de respecter cet équilibre sous peine de disparaître de manière très rapide, il est aussi nécessaire pour nous d'observer ces processus si on ne veut pas faire avancer vers l'ouest le désert qui occupe le croissant fertile, expression qui n'était pas une mauvaise blague il y a une dizaine de milliers d'années (trois livres de Jared Diamond illustrent très bien ça, entre autre: Le troisième chimpanzé, De l'inégalité parmi les sociétés, Efondrements, à lire dans cet ordre)
De manière générale les plantes sauvages sont des concentrés de vitamines et de sels minéraux, et elles contiennent des protéines complètes dans leurs feuilles. Elles sont souvent des draineurs. Pour ce qui est du goût, on s'habitue au goûts acides et amers, dans la limite du raisonnable, personnellement je ne mangerait pas de l'absinthe ou de la tanaisie en salade dans les mêmes proportions que des feuilles de pissenlit, même adultes. Quand elles sont astringentes, ont peut couper cette impression désagréable avec des plantes mucilagineuses (consoude, mauve, rose trémière, bourrache etc...). Par contre tout comme il est possible de souffrir de carences en vitamines/sels minéraux, il me semble tout à fait possible de souffrir d'un excès de ceux-ci (rien n'est poison, tout est poison, c'est une question de quantité, dit-on en naturopathie), là encore, un équilibre est à trouver entre plantes sauvages et domestiquées.
La plupart des techniques utilisées avec des plantes cultivées peuvent être utilisées avec des plantes sauvages, mis à part que le temps de germination peut être très long (un temps court est caractéristique des annuelles cultivées par exemple, le simple fait de resemer la récolte de l'année précédente sélectionne les graines à germination courte), par exemple le jardinage forestier. Lorsque l'on regarde les plantes présentes dans les forêts, on se rend compte que beaucoup d'entre-elles sont comestibles (en partie), par exemple j'ai observé près de chez moi des hêtres (fruits et jeunes feuilles), des chênes (fruit), des chataigniers, des fougères aigles (pteridium aquilinum), des épilobes ciliés (Epilobium angustifolium), des mauves, des orties etc... Rien n'empèche de gérer ses populations des plantes sauvages comestibles/utiles en retirant celles qui ne le sont pas et en occupant leur niche par une plante qui nous est utile (dans une zone 1 par exemple).
Par contre, ça demande d'avoir des connaissance en botanique (pour utiliser une flore etc...), on a ainsi remplacé le travail physique (désherbage etc...) par du travail intellectuel (observation, réflexion).
"Pour mériter d'être un homme il faut trois choses : agir bien, parler peu et ne pas s'écarter de sa voie." Proverbe Gitan