Madudu a écrit :
J'imagine que pour être aussi sûr de toi tu dois en avoir fait l'expérience sur une durée assez longue -disons 10 ans ?
Parce que là, j'ai comme l'impression que tu racontes des conneries... l'engrais vert ça limite le salissement, mais ça ne le supprime pas ! Donc si tu fais ça plusieurs années, même si au dépard la parcelle était propre, tu vas te retrouver avec une prairie...
Si c'était aussi évident et aussi simple, on ferait depuis un certain temps du semis direct total en bio. Or ce n'est pas le cas, loin de là ! Aujourd'hui le semis direct sous couvert est réservé aux conventionnels car techniquement on ne sait pas encore le faire sans herbicides. Je pense que c'est possible, mais il ne te lances pas dans des discours de simplet : c'est pas simple, et la solution on l'a pas.
On peut aussi essayer de comprendre pourquoi on ne le fait pas, et plutôt que d'accuser toujours les mêmes -les grosses firmes- et de prendre les céréaliers pour des débiles -ils ne le sont pas, mais il faut peut-être les écouter pour s'en rendre compte- , on peut chercher des solutions techniques pour ça advienne un jour. Y en a qui cherchent, et comme ils se posent les bonnes questions ils risquent fort de parvenir à leurs fins. Mais ceux qui croient avoir trouver sans même chercher, ils ne relèveront jamais ce grand défi.
Quand aux savoir-faires plus que millénaire, le BRF et le semis direct sous couvert n'en font pas parti. La rotation, quand à elle, est aujourd'hui réduite à se plus simple expression dans la plupart des fermes céréalières (généralement d'une durée de 3 ou 4 ans). On peut supposer qu'ils sont débiles, et considérer ainsi que le problème peut être résolu très facilement, mais si on se penche sur la question et que l'on ne prend pas les céréaliers pour des enfants arriérés on se rend compte que le problème est économique. Les céréaliers ne cracheraient pas sur des cultures rentables supplémentaires pour allonger les rotations et se faire moins chier avec les ravageurs et les adventices, le problème c'est que soit ces cultures leur font perdre de l'argent -ce qui n'est l'objectif de personne- soit ça serait rentable à condition que la coop du coin veuille bien leur acheter au prix du marché -mais ça les arrange bien de limiter la diversité des cultures, alors quand y en de nouvelles ils rechignent à l'acheter ou l'achète à bas prix pour décourager.
Composts, engrais vert et rotations ne sont par ailleurs pratiqués en France que depuis peu. Ces techniques ont été redécouverte au XVIIIe siècle, et ne se sont généralisées qu'entre la fin du XIXe et le début du XXe : ça fait pas lourd sur l'echelle du temps... et avant ça les pratiques étaient encore pire pour le sol que ce qu'on voit aujourd'hui : sols nus pendant 8 à 12 mois, très peu de fumure, beaucoup de labours, peu de rendements, rotation de 2 ou 3 ans...
C'est dans le nord de la France que les progrès ont été les plus rapides, peut-être qu'ils partaient de moins loin que les autres régions.
Il y a ici,en Picardie,5 céréaliers qui font du semis sous couvert,en Bio,l'un depuis 19 ans,un autre depuis 13 ans,un autre depuis 8 ans et deux autres depuis moins de 5 ans.Leurs rotations se font sur 5 à 7 ans sur 25 à 40 hectares...deux tournent aussi avec un maraîcher...et ils ne perdent pas d'argent!
Ceux qui font çà depuis plus de 10 ans sont loin d'avoir une prairie.Comme le dit Lydia Bourguignon,peut-être encore faut-il savoir le faire.
Les grandes firmes et les conventionnels (pas tous toutefois,pour ces derniers) ne sont probablement pas idiots,certes,mais nous non plus.On voit toutefois plus les firmes sous forme de lobbies et dans les débats médiatiques qu'à la recherche de méthodes plus propres (du pas propre,en tous cas,ils trouvent à n'en plus finir).Et on voit plus de conventionnel lorgner sur les terres de leurs "frères "en difficultés qu'aux formations de nouvelles techniques,etc.
Intérêt du semis sous couvert avec désherbant?...car la véritable question est là!...
Si tu restes dans le circuit conventionnel,il est clair que c'est difficilement rentable (centrales d'achat dites "coopératives",etc),mais il y a de petites coopératives (qui portent bien leur nom,celles-ci) qui se sont crées en bio,et qui ont des accords de stabilité de prix avec les céraliers.La vente directe à des paysans boulangers qui n'arrivent pas à produire (par manque de terre,bien souvent) toutes les céréales dont ils ont besoin...le manque de production locales de légumineuses (lentilles,pois,etc),de fourrages pour les petits élevages bio qui,eux aussi,n'ont pas les terres encore pour être autonomes...enfin,des solutions locales,il y en a plein,pour peu qu'on sorte psychologiquement,du circuit conventionnel.Certains le font,et la demande est plus grande que l'offre.
Pour sortir du conventionnel,le plus difficile n'est pas forcemment de changer de techniques culturales (quoique),c'est avant tout de changer d'état d'esprit et de pratiques commerciales.
De même,il y a de petits jardiniers,de petits agriculteurs,de petits agronomes,etc,qui trouvent des solutions propres,sans budgets,et il y en a de gros,avec des budgets
colossaux qui ne trouvent pas.Là aussi,et surtout,il y a des questions à se poser!