Forum francophone de permaculture

Si j'ai tout bien compris (???), l'un des principes de la permaculture est de ne pas travailler la terre (la retourner, la triturer, la farfouiller). Bon... mais comment fait-on avec les légumes racines, principalement avec les pommes de terre ? Car je veux bien ne pas toucher à la terre, mais à un moment donné ou à un autre, il va quand même falloir aller les chercher *sous* la terre, ces fameuses patates !

Je pensait travailler avec un âne et les outils de l'association PROMMATA (http://www.prommata.org) pour créer des sillons, les butter puis récolter les pdt. Je parle d'un champ de patate, pas juste 3 tubercules dans une petite butte (ou dans mon carré de potager comme actuellement).

Actuellement, je sème du lin en même temps que je plante mes patates. Ca marche très bien et je voudrais continuer à faire de même.

Qu'en pensez-vous ? Est-ce permaculturel ou non ? Si non, quels conseils avez-vous à me proposer ?

Emilienne a écrit :Est-ce permaculturel ou non ?

Si cultiver de cette façon te conviens et que tu as envie de dire que c'est de la permaculture, moi je propose qu'on dise que c'est de la permaculture ! Quel que soit la technique, de toute façon ça sera réellement de la permaculture que si ça s'inscrit dans un projet global.

Pour ce qui est de triturer ou de farfouiller la terre, la permaculture vise à créer un biotope dont l'homme fait partie. Donc, dans tous les cas il y aura farfouillage ! Après le farfouillage ça peut être toi qu'il le fait ou les vers de terre. Si c'est les vers de terre, ça te fait moins de travail. Pour favoriser les vers de terre il est recommandé de ne pas retourner la terre, c'est à dire de ne pas mettre le dessous dessus. Mais il n'y a aucun inconvénient à décompacter le sol, au contraire.

Pour le cas particulier de la patate une des solution c'est le carton-patate. En résumé : on pause les patates sur le sol, on pause des cartons sur les patates, on pause de la tonte d'herbe sur les cartons. C'est une solution qui n'a pas un très bon rendement qui craint une présence trop importante de limace, mais ça permet de cultiver sans travailler le sol.

Pour un champ de patate, je vois pas de solution sans retournement de la terre. Mais si tu es contente de ta technique, pourquoi tu veux changer ?

sherpa421 a écrit :Pour le cas particulier de la patate une des solution c'est le carton-patate. En résumé : on pause les patates sur le sol, on pause des cartons sur les patates, on pause de la tonte d'herbe sur les cartons. C'est une solution qui n'a pas un très bon rendement qui craint une présence trop importante de limace, mais ça permet de cultiver sans travailler le sol.

tout dépend comment on le fait. ça marche très bien comme méthode si on sait ce qu'on fait.

pour un champ de patate, avec travail du sol en traction animale, si le champ est travaillé depuis plusieurs saisons, sa structure se détériore avec le travail du sol et le manque de couverture du sol, donc moins de fertilité donc moins de patate.
Avec un sol non travaillé, ça favorise la vie du sol donc plus de fertilité et ça améliore la structure, donc sur moins de surface, on peut avoir autant de patate.
La technique la plus simple est d'acheter des boules de paille de dérouler ça sur une prairie, assez épais (30 cm) puis de planter les patates sous la paille.
le carton n'est pas obligatoire si y'a suffisamment de paille.
la patate se pose sur le sol. Pour la récolte, il faut chercher les patates sous la paille.
Pour la fertilisation, la patate bénéficie de toute la matière organique que constituait la prairie et qui a été digéré par la vie du sol.

Emilienne a écrit :Si j'ai tout bien compris (???), l'un des principes de la permaculture est de ne pas travailler la terre (la retourner, la triturer, la farfouiller)

c'est pas tout à fait ça, le principe en permaculture, c'est d'observer le fonctionnement d'un écosystème et de s'en inspirer en vue d'économiser de l'énergie et de créer un rendement.
Il n'est pas écrit dans les livres de permaculture que le sol ne doit pas être travaillé. D'ailleurs, dans la fleur permaculturelle de David Holmgren, fondateur de la permaculture, on peut y voir au pétale "soins à la nature et à la terre", les termes d'agriculture biologique, bio-intensive et biodynamique. Trois sortes d'agriculture qui se pratiquent avec travail du sol.

Le travail du sol a pour objectif d'aider les cultures à pousser et à produire. Pourquoi se l'interdire de principe si ça peut apporter un bénéfice ?
Travailler le sol ne veut pas forcément dire détruire ou perturber le sol. L'aération par grelinette, le sous-solage, les façons culturales inversées, tout ça ne perturbent pas tant que ça le sol ou l'écosystèmes. Simplement, faut pas abuser avec le travail du sol et faut surtout bien comprendre les conséquences de chaque type de travail, chose qu'on apprend pas à l'école...

andros a écrit :le carton-patate : tout dépend comment on le fait. ça marche très bien comme méthode si on sait ce qu'on fait.

Est ce que tu as expérimenté ? C'est à dire sur un même terrain, une zone culture traditionnelle, une zone carton-patate. Je l'ai fait. Bien sur, ça n'engage que mon terrain et dans les conditions particulière de cette année avec mon processus particulier.

Mes conclusions :
- Le carton est utile pour éviter d'avoir des patates vertes. Il faut d’ailleurs en mettre suffisamment pour être sur que les patates ne reçoivent pas de lumière. En mettant une très grosse couche de paille, ça pourrait certainement fonctionner, mais il faudra être très généreux sur l'épaisseur de paille. 30 cm, si la paille est tassé ça doit aller, mais si elle n'est pas tassé c'est insuffisant.
- Si il y a beaucoup de limaces, c'est une catastrophe, elles mangent les patates sous le carton et se reproduisent abondamment sous le carton.
- Au gout les patates sont moins bonnes.
- Finalement ça demande quand même du travail, parce qu'il faut trouver le carton, l'apporter le trier c'est à dire enlever tous le scotch, les agrafes. Il faut également avoir suffisamment de matière végétale facilement disponible pour couvrir.

La technique est développé dans le livre : « le manuel des jardins agroécologiques » de Terre et Humanisme. Il conclu eux aussi à un moins bon rendement que la culture traditionnelle.

Je vous ai tous lu attentivement et vous remercie pour ces réponses très complètes.

Je pense que pour une culture de pommes de terre en quantité importante (maraîchage professionnel), tant le carton que la paille, ce n'est pas très gérable. L'année passée on a "cartonnée" grosso-modo 100 m2 pour créer une mini food-forest. Et ben il nous a fallu 4 voyages jusqu'à l'entreprise qui nous a donné ses cartons, un temps non-négligeable pour les préparer (comme le dit Sherpa), sans compter la couche de brf et autres truc qu'on a mis dessus. Ca nous semble très difficile à réaliser sur une surface plus grande. Quant à la paille, on habite dans une région à fort mistral (avec des pointes jusqu'à 100 km parfois). Donc, là aussi, c'est niet (sauf si on veut passer son temps à tout remettre dessus).

Finalement, je pense qu'on va rester sur la méthode traditionnelle (ou presque) : aérer la terre et créer des buttes de terre avec des disques à billons (on envisage la traction animale moderne). Le tout recouvert avec des graines de lin (qui font de magnifiques fleurs bleues, soit dit en passant). Et surtout, changer de champ chaque année pour ne pas épuiser la terre.

Bonjour;
Ou est ce que vous les trouvez vos graines de lin ?

A la coopérative agricole du village au rayon nourriture pour volailles !!!

la paille neuve est plus volumineuse et laisse passer plus de lumière.
l'idéale, c'est de la paille qui est épandu depuis 1 an, elle est fragmentée.
On peut aussi la balancer dans une cour à paille du poulailler, et les poules se chargent de la fractionner et de chier dessus

comme ça on met moins d'épaisseur, ça cache bien de la lumière, et la paille est plus équilibré car fiente de poule.

vus ce qu'est la pomme de terre,vous pouvez cultiver dans les matières organiques en décomposition (demandez à la mairie de dire au villageois de déposer leurs déchets vert chez vous).
ou gagner beaucoup de surface et faciliter la récolte en les cultivant dans des récipients verticaux,mais ca reste contraignant,le plus simple est de cultiver en terre,mais la pomme de terre est vorace,vous épuisez votre sol,surtout en potasse.
le matos promata est le plus cher,la conception est rudimentaire,prenez donc les mesures et jouez avec un arc électrique pour le faire vous même.
ils vendent les plans aux Africains.