Voici quelques idées pour lancer la discussion sur la façon de faire ses semences...ceci est une synthèse personnelle de lectures,fiches,et rencontres avec de vieux paysans,et un peu d'expérience.Celà ne concerne que les sélections conservatrices (qui gardent les caractéristiques d'un légume tout en les adaptant à son terroir,et pas de création de variété).
Il s'agit,en outre,de régles de bases vulgarisées,afin d'éviter de grosses déconvenues quand aux qualités de semences,et non pas d'un perfectionnement.
Faire ses semences soi-même présente deux gros avantages:le premier,économique,bien que celà demande de la patience en observation et en récolte,le second, c'est d'avoir des graines adaptées à ses conditions de culture :terre,climat,etc.
Il faut,dans un premier temps,distinguer les annuelles et les bisannuelles (choux,bettes,betteraves,mâches,salades,radis,poireaux,carottes,etc...)qui ne donneront de la semences que l'année suivant le semis,et après un hiver en terre,en serre,ou en silo ou en cave bien aérée.
Les graines se font sur un porte graines,plante que l'on choisit et que l'on surveille un peu plus attentivement que les autres,selon les critères d'adaptation qu'on veuille lui donner.Pour moi,un porte graine qui s'est fait attaqué et qui résiste bien à l'attaque n'est pas un problème,bien au contraire.Je préfère toujours un porte graines qui supporte,plutôtqu' un autre qui résiste entierement.Je ne bichone pas,non plus le porte graine (pas de fumure,pas d'amendement),car il doit apprendre à supporter lui-même les attaques,quelles qu'elles soient.Donc aucune aide au plant,pas même un purin ou engrais,juste de l'observation et le choix ou non d'utiliser une plante en porte graines.
Il faut distinguer les plantes autogames(aubergine,poivrons,tomates,mâches,haricots,pois,laitues,blé) qui ont des fleurs portant l'organe mâle et femelle à la fois,et les plantes allogames qui ont les fleurs mâles distinctes des fleurs femelles sur la même plante ou sur une autre plante.
Comme celà apparaît nettement sur le tableau des distances de sécurité de pollinisation,les plantes autogames ont trés peu de risque de pollinisation croisée (avec une plante de la même éspèce,mais pas de la même variété),bien que ce ne soit pas toujours fiable avec les variétés de tomate ancienne. En revanche,le risque est trés élevé avec les plantes allogames.
Pour éviter les hybridations,il y a des distances à respecter,car selon le moment,un pollinisateur préféra telle ou telle plante,et passera régulièrement d'une courge à une courge,par exemple,en délaissant les tomates pourtant proches,par exemple,parce qu'il a plus besoin du pollen de la courge à ce moment,que celui de la tomate (les bourdons et les abeilles sont particulièrement sélectifs).Un autre pollinisateur s'occupera des tomates,sans trop se préoccuper des courges...ainsi le risque s'accroît.De même,les vents peuvent être plus ou moins violents et emporter assez loin les pollens.Les distances à respecter varient selon les légumes.Lorsqu'on ne peux éviter les distance,il y a une vieille astuce qui consiste à faire des semences d'une même espèce,par exemple,d'oignon,une année,poireau l'année suivante,ail la troisème année,asperge la quatrième,etc...il faut donc connaître un minimum les éspéces et les variétés afin d'éviter les pollinisations.Une autre façon de faire est de différer le repiquage ou le semis de porte-graines,tout en veillant à ce que leur croissance puisse se réaliser correctement selon votre climat,et en prenant soin de voir si cette période correspond à la période de culture que vous en ferez l'année d'après.
Les risques de pollinisation,par vent,pour les légumes concernés,peuvent être atténués par les haies ou obstacles,mais il est difficile de dire dans quelle mesure,et à combien la distance se réduit.Les insectes pollinisateurs n'ont que faire des obstacles.Il éxiste
environs 1000 espèces d'insectes pollinisateur en France métropolitaine,avec parmi les plus actifs,les abeilles domestiques et les bourdons.
Pour qu'il y ait pollinisation,on estime qu'il faut une dizaine de passage d'insectes,et pour qu'il y ait nouaison (condition pour que le pollen apporté féconde la fleur),une dizaine de jours dans des conditions climatiques favorables et propres à chaque légume ou fleur.
Il est toutefois possible de polliniser artificiellement afin d'éviter les distances trop grandes,surtout pour les petits potagers ou les potagers avoisinants,voire avec les terrains sauvages voisins.
Il me semble important de choisir l'endroit de l'implantation du porte graines en fonction des conditions de culture du légume,l'année d'après.Pour un légume cultivé en serre,il est plus judicieux d'avoir un porte graines en serre,idem pour le plein potager ou les mi-ombres ou toute autre particularité,telles les buttes en permaculture.De même,à mon sens,un équilibre eau-terre-air (luminosité)-feu (chaleur) doit être respecté (surtout en permaculture ou les micro-climats sont plus présents).
La récolte des graines se fait à maturité,c'est à dire lorsque les graines sont séches (mais pas grillées au soleil),et qu'elles commencent à tomber du porte graines.Bien qu'elles soient encore séchées ensuite,il vaut mieux une récolte en fin de journée séche.
Le meilleur moment,pour la récolte,est celui de la maturité,lorsque la graine (et l'enveloppe s'il y a lieu) paraît bien sèche (vue,toucher).Bien qu'elle paraisse sèche,elle contient encore trop d'humidité;et il est nécessaire de la sécher encore un peu dans un endroit sec et aéré.
S'il est annoncé du temps humide une bonne semaine et qu'il vous semble que les graines seront en danger,il faut alors cueillir tout le porte graines et le mettre,debout (sa position naturelle) dans un endroit sec et ventilé (grenier).
Une plante a une énergie et un équilibre interne,et dès lors que vous lui donnez trop de résistance vis à vis d'une maladie,par exemple,vous l'affaiblissez dans un ou plusieurs autres domaines.Il ne sert à rien d'avoir une tomate indemne de mildiou,si elle se fait bouffer par les pucerons.De même,il ne sert à rien d'avoir une graine qui donne un gros légume,s'il n'a pas de goût ou de qualité nutritive.L'adaptabilté des plantes se fait sur plusieurs années,il est inutile de vouloir accélérer les choses au risque de créer des déséquilibres aux conséquences irrémédiables.
Attention à ne pas sélectionner que les plus grosses graines,lors du semis.Une grosse graine peut être signe de bonne santé du porte graines,mais aussi d'un certain déséquilibre (une cosse de fèves,par exemple,ne peut avoir que deux fruits trés gros,alors qu'elle devrait en avoir 4 ou 5 plus petites et plus représentative de la variété...il y a,dans ce cas un risque de n'avoir que deux gros fruits dans une cosse bien souvent trés dure,et donc impropre à la digestion...donc une perte de "rendement mangeable".
Hormis quelques rares exceptions,les semences sont naturellement enrobées d'une substance anti-germinative propre,plus ou mois résistante,,qui les empêche de germer de suite,afin d'assurer la pérénité de la plante pour la saison suivante.La plupart des graines sont programmées pour germer l'année suivante,mais certaines sont programmées pour germer les années plus tard,afin de prévenir contre une catastrophe climatique ou autre.
Afin qu'une semence devienne germinative,il faut la placer artificiellement et un certain temps dans les conditions d'un hiver (vernalisation),afin que l'enveloppe anti-germinative soit détruite sous ces conditions.Naturellement,c'est l'hiver qui se charge de détruire cette enveloppe,par l'eau et le froid,essentiellement.
Un semence récoltée,se sèche d'abord (hormis pour les légumes fruit comme les solanacées et les courges,melons,cornichons,ou tout légumes à "pépins" qui demandent une autre technique).Pour être sur qu'elle soit bien sèche,il faut vérifier qu'elle soit cassante lorsqu'on la presse entre les doigts.
Une fois séchés,les semences sont placées dans des sachets respirant mais hermétiques à la lumière (style kraft)...et placés 4 mois au réfrégérateur ou en chambre froide,ce qui altérera la pélicule anti-germinative (elle se décollera),laquelle finira de se désagréger lors de la plantation.L'utilisation de pot en plastique est possible,mais je n'aime pas trop,car ils ont tendance à créer de la condensation et un risque de pourrissement de la graine...le résultat est convenable,mais moins bon.
Pour vérifier que la graine soit germinative,vous les trempez 24 heures dans un récipient d'eau,juste avant le semis.Celle qui restent en surface ne sont généralement pas germinatives,ce qui ne veut pas dire qu'elle s ne le seront pas les années suivantes.Si vous semez en mottes,vous pouvez laisser les mottes où il n'y a pas eu de germination dans un coin du jardin:les graines finiront par germer l'année suivante ou un peu plus tard,d'autres pas du tout.
Pour les solanacées et les cucurbiatacées,la récolte est différente,puisqu'on peu en manger le fruit.Il faut donc cueillir le fruit à bonne maturité,particulièrement pour cet éxercice.La maturité d'un fruit est le moment de transition où il ne va plus croître et commencer à,lentement dépérir.C'est aussi le moment où il a le plus de saveurs.La maturité se reconnait à la couleur,à l'odeur,à la saveur,au toucher et à l'oeil...c'est une affaire d'éxpérience.En gros,le fruit doit être ferme,mais tendre de peau,avec de légères fripures sur cette dernière.
On ouvre le fruits,et on y extrait les pépins qui sont enveloppés d'un voile mucilagineux,puis on les laisse quelques jours,dans un récipient d'eau,dans une pièce chaude et sèche...Mieux,au soleil pour ce qui en ont .Dès lors qu'on aperçoit une légére fermentation à la surface de l'eau,on peut rincer les graines dans une passette,et bien laver jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de cette matière mucilagineuse.
On fait ensuite sécher les graines,sur un papier,au soleil (mais attention au vent),ou dans une pièce chaude et sèche jusqu'à ce qu'elle aussi deviennet cassantes.
Une fois bien sèches (cassante entre les doigts),les graines sont également rangées dans un papier hermétique à la lumière,puis entreposées 4 mois au réfrégérateur,ou dans un endroit sec et frais qui endure les conditions hivernales.
Il vaut mieux,à mon sens,une graine pas trop belle issue d'un plant beau et sain,qu'une belle graine issue d'un plant pas trés en forme...même s'il vaut mieux éviter toute graine pas de belle apparence.
Si les lectures et les rencontres sont importantes,n'oubliez pas votre bon sens...il est par exemple conseillé de tuteurer les porte-graines,mais s'il a besoin d'être tuteuré,et que ses graines donnent une même plantes l'année suivante,celà veut dire qu'il vous faudra tuteurer toutes les plantes issues du porte graines...parfois un boulot colossale...il me semble donc plus judicieux de choisir un porte graines qui tienne seul avec une tige plus solide lorsque c'est possible.N'oubliez pas,non plus,que tous les bouquins ou conseils sont issus,même en bio ou autre,d'observations et de techniques propres,souvent de plein champs ou de potager classique,et que votre façon de faire de la permaculture doit être prise en compte,et les techniques adaptées à votre faon de faire lorsque c'est nécessaire.
Notez bien la variétés et la date de récolte des graines,car celles-ci ont une durée germinative.En outre,celà permet d'adapter le semis en fonction des caractéristiques de la graine.Exemple:je sème 3 fois des fèves dans l'année,une fois début mars,une fois début mai,et une fois mi août.Les graines semées en mars l'an prochain proviendront des porte-graines semés en mars,et seront plus adaptés aux derniers froids de l'hiver...ceux,semés en août supporteront mieux les chaleurs d'août durant leur croissance.Il faut toutefois quelques années pour avoir une adaptation plus flagrante.La plupart des grainetiers sont aux sud de la Loire,et dès lors que vous en habitez au Nord,les graines ne sont pas tout à fait adaptées à votre climat..
Comme toute étape en culture,faire des semences de qualité ne résoud pas tous les problèmes,mais étant à la base de la chaîne de culture,une mauvaise semence peut engendrer et multiplier les problèmes par la suite.Il me paraît donc important d'y attacher plus de temps et d'attention qu'à bien d'autre domaines.La qualité de la semence et la qualité du sol me paraissent quand même primordiales.
N'étant pas des scientifiques et n'ayant pas de quoi mesurer,nous ne pouvons juger qu'à l'oeil et aux sens.Voici donc les critères qu'il y a à observer pour un plant sain:
La résistance aux maladies et aux diverses attaques (pour les attaques,je ne me préoccupe pas trop dans la mesure où la biodiversité mélangée règle ce problème dans les grandes lignes...un plant conservant toutes les autres caractéristiques résistera)
La résistance au climat (froid,chaleur,humidité,sécheresse)
La vitesse de croissance du feuillage et de l’enracinement,mais aussi la force de l’enracinement
La robustesse de la tige lorsqu'il y en a une.
La production et le rendement
La couleur et la forme du légume
L'Odeur et le goût
Eventuellement son aptitude à la conservation
Pour finir,je suis favorable aux bourses d'échanges de semences,mais méfiez-vous toutefois,car bien souvent les semences sont faites un peu sans trop savoir,..et outre de ne pas donner de bons résultats,il vaut mieux ne pas commencer avec ces graines sans avoir discuté un minimum avec le fournisseur.
références lectures:
semences de kokopelli
PRODUCTION DE GRAINES POTAGERES de Laurent COUTURIER.
traité de culture des graines de semences de A BAILLET
Produire ses graines Bio de Christian BOUE
infos complémentaires:
http://books.google.fr/books?id=YM_T5t6 ... ts&f=false