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Business et scolarisation de la permaculture

Message Publié : 21 Juin 2017 18:48
par mathildea
Bonjour à tous et toutes,

Nous avons dernièrement vu le film "l'éveil de la permaculture" et face au choc ressenti au visionnage, et au dangereux virage que prend la permaculture, nous avons fait une émission de radio sur ce thème https://www.youtube.com/watch?v=JYOpfiqapjc pour dénoncer la récupération de la permaculture, le business qui émerge depuis plusieurs années autour des formations payantes, et la scolarisation de la permaculture, avec l'apparition des diplômes, des certifications, des grades là où paradoxalement on prône de nouveaux type de relations humaines!

Je vous invite à écouter tout ou partie de l'émission et donner votre avis. La permaculture représente LE vrai chemin vers un monde plus cohérent. Si elle n'est pas récupérée, comme l'a été le mouvement de l'agriculture biologique et beaucoup plus globalement toutes les révolutions culturelles et sociales qui ont été absorbées et digérées par le capitalisme avec ses outils habituels de commerce, de validation des uns et d'exclusion des autres, de normalisation...

Re: Business et scolarisation de la permaculture

Message Publié : 22 Juin 2017 10:03
par Livy-Dagore
Tu as raison mathildea,la permaculture ne doit pas être récupérer par le businuss :rougefaché:

Re: Business et scolarisation de la permaculture

Message Publié : 22 Juin 2017 23:18
par 0tyugh
En fait, à l'os ; faire par soi-même (se débrouiller quoi), en faisant avec tout ce qu'on a sous la main (se débrouiller quoi), et en excluant autant que possible ce qui vient du monde de l'industriel (se débrouiller quoi)). - On a pas besoin de nom ni de 15 bouquins d'idéalogie pré-mâchée.

Je pense que "jardiner à la débrouillle, sans maître ni Capital" convient mieux que "permaculture" qui est un mot si large qu'on peut y mettre à boire et à manger. Je pense que vous êtes tous d'accord avec moi qu'un mot qui veut dire tant de choses ne veut plus dire grand chose, sinon qu'un label "super bio" très vendeur et marqueur social de puritanisme. Comme la biodynamie, en fait.

Du coup on avait vraiment besoin d'un nom pour cette pratique ? Je n'ai jamais lu Molisson ou autres "pionniers" de la Permaculture, et j'avoue que j'en ai pas plus envie que ça. On a besoin d'un Steiner aussi ? On peut les écouter, mais prendre le nom de leurs écoles pour nommer nos pratiques ?
Ça ne me semble pas coller avec l'idée comme qu'il faut commencer par penser par soi-même et échanger avec le voisin.

La permaculture représente LE vrai chemin vers un monde plus cohérent.

... Sérieusement ?
J'en reste à "on fait ce qu'on peut" ; sauver le monde est l'appanage d'une société, pas de chacun d'entre nous (ni l'auto-culpabilisation des individus et de leur mode de vie - et faire la même chose en melioratif avec "le bon mode de vie" est tout aussi limité et condescendant).

-Bref.

Re: Business et scolarisation de la permaculture

Message Publié : 23 Juin 2017 08:39
par mathildea
Otyugh je suis d'accord avec toi pour la première partie de ce que tu as écrit, toutefois c'est compliqué de dire à chaque fois qu'on parle de nos pratiques "jardiner à la débrouille, sans maître ni Capital" alors que permaculture est un mot puissant, concis, qui épluché contient beaucoup de notions importantes. La récupération des mots n'est pas anodine. un mot met des années à percer, tout à coup au niveau social il apparaît, et hop à ce moment là il est récupéré, détruit, broyé, on dévie son sens pour lui en donner un tout autre et on empêche du coup l'idée d'émerger, et tout aussi grave on crée une illusion, on nous égare avec des interprétations au service de l'argent et d'une caste en place.

Il en a été ainsi avec beaucoup de mots qui aujourd'hui font vomir, République, École, Médecine, Politique... à qui on associe un sens précis, et on tient à ce que telle définition colle à tel mot et pas une autre, ce qui empêche la créativité autour de ces mots de se déployer. Il est en train de se passer la même chose avec la permaculture, on l'associe à un diplôme, à une formation, au rapport prof-qui-sait et élève-ignorant-à-former, à la monétisation du savoir... C'est pour moi tout autre chose. Alors oui, on parlera de plein de choses sympa, intéressantes et rassurantes pendant les stages, je ne renie pas cela, mais structurellement le cadre donné n'est pas bon; la sphère marchande s'immisce partout, les hommes sont aujourd'hui incapables de se rencontrer gratuitement et égalitairement, nous sommes tous à ce point esclaves d'un système basé sur l'argent et la vente de soi qu'on cherche à rentabiliser toutes les manifestations de notre être en pensant s'en sortir de cette façon, et là on tombe dans le piège puisque c'est précisément ce qui est attendu de nous: nous vendre, pour alimenter l'économie globale. Que cela ne soit pas plus présent dans la tête des gens me surprend et m'afflige, ça montre à quel point ce type de fonctionnement est devenu tellement total-itaire qu'on ne peut plus imaginer autre chose et que la gratuité et la convivialité deviennent suspectes ou associés au rêve...

Quant tu dis que sauver le monde est l’apanage d'une société, je te rejoins mais le problème c'est qu'aujourd'hui, il n'y a pas de société, au sens d'une somme de personnes responsables, avec une capacité et une puissance politique, au sens le choix de peser sur les décisions et orientations d'une localité. Une poignée décide pour tous, et elle change le monde chaque jour en le détruisant méthodiquement. Quand tu dis que changer le monde n'est pas à la portée d'une poignée d'individus, c'est pourtant ce qui se passe actuellement. En deux cent ans, une poignée d'oligarques financiers avides de tout a ravagé une majorité des ressources abondantes de notre planète commune. Depuis la Révolution française et hormis les quelques tentatives de prise de pouvoir par les monarchistes, nous vivons dans l'illusion d'une République, d'une démocratie, mais encore une fois la définition mise derrière ces mots est bien loin de la devise "Liberté-Égalité-Fraternité" brandie! Cette illusion est encore pire que la monarchie puisque le peuple a l'illusion de la liberté... et du coup ne se rebelle plus.

Donc à mon sens, la permaculture peut représenter LA sortie du cloaque (j'assume le côté présomptueux de la démarche), du moment qu'on définit tous ensemble des orientations pour demain, des choix respectueux de la vie, qu'on écarte gentiment mais fermement ceux qui monopolisent le pouvoir décisionnaire qu'on devrait tous partager, qu'on fait éclater la structure maître/élève-dominé qui prévaut aujourd'hui et qui vient se glisser jusque dans la permaculture où idéalement tous les éléments d'un même système sont interdépendants!!! j'aime bien utiliser PERMACULTURE POPULAIRE, pour dire qu'on est tous concernés, et qu'en effet la permaculture va bien au delà de la mise en place d'un écosystème fertile et abondant chez soi (même si c'est déjà une belle attention et une belle direction à suivre!).

Parce que si un+un+un individus ne commencent pas à changer d'orientation de vie et refuser radicalement le régime destructeur en place, qui le fera à leur place? Je suis quand même d'accord que changer le cours des choses est affaire de société, mais au point de sclérose où on en est, c'est bien en ajoutant une somme de personnes qu'on peut re-créer une société, et on doit à mon sens passer aussi par une phase de désenfumage de tous les mensonges qu'on nous a mis dans la tête...

Bonne journée

Re: Business et scolarisation de la permaculture

Message Publié : 23 Juin 2017 13:08
par 0tyugh
Dans ma croyance philosophique des chose les gens qui croient savoir ce qui est Bien ou Mal sont un problème, et tendent à polémiquer en cercle. - Bien que je sois aussi pétri par ça : je viens de dire ce qui était "Mal" pour moi : croire à l'un ou l'autre de manière "solide", "stable", "acquise" ; ceux qui ont arrêté de se demander "et si je me trompais depuis le début ?".
Ce qui serait "Bien" à mon sens, est de toujours remettre en cause ce qu'on prend pour être "Bien" ; parce qu'on se trompe invariablement, autant se préparer à avoir des perspectives, prendre des pas de recul.

Tu as des choses "idéales" sur le papier qui finissent de manière très décevante en pratique dans la société : le fait par exemple que Montessori soit devenu dans une majorité écrasante "le truc des enfants des élites" (donc des classes non-populaires) par exemple. Ça ne disqualifie pas cette pédagogie d'aucune manière, mais dans les faits... Décevant ! - Je ne dis pas que cette pédagogie soit "Mal", mais que leur ressortissants ne me parraîtraient pas très crédible s'ils disaient être "ceux qui sont dans le Bien" dans l'absolu.
Et, comme tu disais, c'est un classique dans l'histoire. Les "Mutuelles", les "banques populaires"... Tout ça a probablement bénéficié d'une générations de gens qui se sont battus pour "le Bien", et c'est un naufrage psychotique, et je ne pense pas qu'ils étaient tous hypocrites.

Enfin bref. Beaucoup de mots pour dire peu de choses au final : on est pas grand chose, et on meurt vite, on devrait relativiser un peu notre influence sur le monde, et notre capacité à savoir où ira ce qu'on fait au final.

Re: Business et scolarisation de la permaculture

Message Publié : 08 Juil 2017 10:54
par mathildea

Re: Business et scolarisation de la permaculture

Message Publié : 08 Juil 2017 10:56
par mathildea
Et notre réponse à leur réponse:
http://www.descolarisation.org/index.ph ... n-bellay-2

Ça fait pas mal de lecture mais le sujet est important...