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Message par claude » 08 Avr 2008 09:20

Pas facile de raconter en quelques lignes l'histoire de la médecine... en plus je ne suis ni médecin (sauf "aux pieds nus" pour les taoistes:) ni épistémologue, ni historien, ni philosophe, ce sera l'avis d'un amateur. Toutes les critiques seront donc bienvenues :)

D'abord, ignorantus maximus est, je vous site de suite mes sources :
- sur le net : bien sûr wikipedia, et http://www.dogma.free.fr, http://www.allaboutthejourney.org/metaphysics.htm, http://annuaires.phpnet.org/annuaire_philosophie/,http://agora.qc.ca/
- Georges Canghilem ("le normal et le pathologique") , Christian Ségui (, naturopathe, mon premier maître, son génial livre "l'Eloge de la Santé" est malheureusement épuisé) et Foucault, Deleuze, etc, etc.

Parler du vitalisme versus le mécanisme, ou matérialisme, en terme de nutrition ou de diététique (plus justes et plus sympathiques que "bouffe" qui signifiait à l'origine "enflure des joues"!...) serait trop restrictif dans le sens où ces deux pensées concernent la Médecine et la Philosophie.

1- le Matérialisme
Le mot "matière"(matéria) désignait un abattis de bois ou (materies) du bois de construction, du bois en général (-> dicos latin). L'homme fut donc étonné du contraste entre la forme qui change et la matière qui reste la même malgré les changements de forme.
Dès l'Antiquité les matérialistes (Démocrite, Epicure) prônent l'utilisation de la matière et du réel comme base fondamentale pour expliquer les phénomènes, philosopher et produire du savoir.
Opposition radicale avec Parménide, Platon, les stoïciens, puis Kant et Hegel en Occident et puis les Bouddhistes, taoïstes, etc, pour lesquels le monde véritable et parfait existe en dehors de toute matière et de toute réalité observable. La vérité du monde ne peut être atteinte que par la pensée, la réalité du monde et sa matière n'étant qu'une représentation et une approximation imparfaite de la vérité.

2- le Vitalisme
Cette doctrine a été développée à l’Ecole de Montpellier au XVIII ème par Bordeu et Barthez. Mais, encore indissociable de la science, la philosophie d'Aristote identifie l'âme au "principe moteur" des êtres vivants.
Malgré son unité sémantique, le vitalisme est à entendre de deux façons. D'une part, il s'agit d'une position scientifique qui a été l'objet de débats et de polémiques au sein de la communauté scientifique et qui est aujourd'hui tombée en désuétude. D'autre part, il s'agit d'une position - ou théorie - philosophique encore vivante aujourd'hui (voir Bergson).
Les recherches chimiques, physiques et biochimiques sur les origines de la vie fournissent déjà des modèles puissants pouvant potentiellement expliquer l'émergence de la vie à partir de la matière inanimée. Si l'un d'entre eux venait à être validé, cela correspondrait certainement à un coup fatal porté au vitalisme scientifique.
D’après Bichat, “"l'ensemble des fonctions qui s'opposent à la mort" et sur la base d'une analyse fine de ces fonctions, il pose que le principe vital, qui sous-tend toute les opérations de la vie, est une résistance à la mort, entendue comme altération des objets physiques. Il y aurait donc une contradiction manifeste, un conflit pourrait-on dire, entre les dynamiques de la matière (qui vont dans le sens de la dégradation) et celles de la vie (qui vont dans le sens de la conservation). Cette cohérence théorique appuiera le succès du vitalisme dans l'opinion.
Si le vitalisme est tombé en désuétude dans la science officielle, il est toujours une base de la Naturopathie. Ainsi, il existe en chaque être vivant un "principe vital", distinct à la fois de l'âme pensante et des propriétés physico-chimiques du corps, gouvernant les phénomènes de la vie.

3- La Naturopathie

La naturopathie est un système médical complet et cohérent qui mise avant tout sur la stimulation des mécanismes naturels d’autoguérison du corps. Elle est en ligne directe de la pensée hippocratique.
Les interventions du naturopathe visent en premier lieu à activer, nourrir et renforcer ces mécanismes plutôt qu’à éliminer des symptômes ou à attaquer directement des agents pathogènes.

Les principes éthiques du naturopathe sont :

- [i]Vis medicatix naturae[/i] - La nature recèle son propre pouvoir de guérison. Le corps possède la capacité inhérente de préserver la santé et de la rétablir lorsqu'il l'a perdue. On trouve, au coeur de l'organisme vivant, les forces de vie naturelles permettant d'y parvenir. Le rôle du médecin consiste à faciliter l'accès à ces forces en identifiant et en éliminant les obstacles qui s'y opposent.

- Primum non nocere - D'abord ne pas nuire. Les symptômes d'une maladie (la fièvre, par exemple) peuvent être des manifestations d'un processus de guérison. Par conséquent, leur suppression pure et simple peut causer plus de tort que de bien. Les interventions thérapeutiques doivent donc favoriser le processus naturel de guérison et non le contrer.

- Tolle causam - Identifier et traiter la cause. Le médecin doit rechercher les causes de la maladie plutôt que de tenter d'en supprimer les symptômes. La maladie est vue comme l'aboutissement ultime d'un dérèglement particulier. Le rétablissement de l'équilibre naturel ne peut se faire qu'en travaillant sur les causes originelles de ce dérèglement.

- Docere - Enseigner. Le médecin doit guider son patient sur la voie de la guérison et l'aider à préserver sa santé de façon naturelle. Il doit donc lui enseigner à prendre soin de lui-même et à prendre en charge son propre processus de guérison selon les principes suivants :
• L'approche holistique. Le thérapeute tâchera de démontrer au patient que sa maladie est le fruit d'un ensemble complexe d'interactions entre les plans physique, mental, émotionnel et spirituel, et qu’il devrait intervenir à chacun de ces niveaux.
• L'alimentation. Le naturopathe enseigne à son patient comment se nourrir de façon à obtenir tous les nutriments nécessaires à sa santé, afin d'éviter de devoir recourir à des médicaments de synthèse ou à des interventions chirurgicales.
• La prévention. Le thérapeute enseignera à son patient à agir sur son environnement et son mode de vie afin d'optimiser ses forces et son bien-être, et de minimiser les possibilités de maladie.


quelques citations parmi des milliers possibles :


Novalis : "Être pleinement un "Je" est un art… Le "Je", au sens large et profond d'un "Je" relié aux lois de la vie, de l'évolution biologique, naturelle et spirituelle, peut, et doit prendre le gouvernail du "vaisseau" qu'est sa propre organisation "tête, cÅ“ur et corps", afin de, en concert avec ses semblables, Å“uvrer à la création des mondes futurs. Oui, l’exercice du “Je“ dans cette direction, est un art complet et de haute intensité.”

Claude Bernard : " Il doit y avoir au fond de toutes les explications physico-chimiques normales ou pathologiques, un phénomène vital spécial. C'est là le vrai vitalisme inductif qui doit servir de base à la physiologie et à la pathologie... C'est la force vitale médicatrice"

Canghilem : "...En bref, il est impossible d'annuler dans l'objectivité du savoir médical la subjectivité de l'expérience vécue du malade. Ce n'est donc pas dans cette impuissance qu'il faut chercher la défaillance caractéristique de l'exercice de la médecine. Elle a lieu dans l'oubli, en son sens freudien, du pouvoir de dédoublement propre au médecin qui lui permettrait de se projeter lui-même dans la situation de malade, l'objectivité de son savoir étant non pas répudiée mais mise en réserve. Car il revient au médecin de se représenter qu'il est un malade potentiel et qu'il n'est pas mieux assuré que ne le sont ses malades de réussir, le cas échéant, à substituer ses connaissances à son angoisse."
“le vitalisme serait, en tant que position de principe, quasi irréfutable. Il incarne à ce titre la "confiance […] dans la vitalité de la vie" et "la méfiance permanente de la vie devant la mécanisation de la vie." Le vitalisme médical de l’école de Montpellier serait ainsi "l’expression d’une méfiance, faut-il dire instinctive, à l’égard du pouvoir de la technique sur la vie."


Pour conclure, en retournant au sujet de la nutrition, soit on considère les aliments comme un ensemble de matières (protides, lipides, glucides, acides animés, etc) nécessaires et suffisantes à notre croissance et à notre survie, soit comme un ensemble d'éléments apportant des matières ET tout ou une partie de leur principe vital. D'où la gratitude que l'on peut exprimer au poulet, à la carotte, au blé, etc, de nous avoir donné sa vie pour entretenir la nôtre.

La prochaine fois, si cela vous intéresse, je pourrais vous parler des combinaisons alimentaires des points de vue de la naturopathie et de la médecine traditionnelle chinoise.

Et en repensant à tout cela, si l'on organise un jour quelque chose chez moi, ce serait vraiment génial d'" inviter" Christian Ségui pour un cours général sur la naturopathie et la diététique en particulier.
Ainsi qu'Eglantine Oudard, ma prof de médecine chinoise (http://larbreathe.blogspot.com/2006/06/cuisine-au-wok.html)
claude
 
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