Pour ceux qui veulent optimiser un peu la production de miel, pollen et propolis :
L'abeille est susceptible de récolter 6 ressources différentes :
-Le nectar : il s'agit d'eau sucrée sécrétée par certaines plantes à fleurs. Tous les nectars n'ont pas la même qualité, qui dépend de son taux d'humidité mais aussi et surtout de sa composition. Plus le nectar est riche en eau et plus la ruche devra ventiler pour le sécher et en faire du miel (au delà de 20% d'eau le miel peut être sujet à une fermentation alcoolique). La nature des sucres est elle aussi importante, surtout pour l'hivernage : le glucose est ce qui se fait de moins bon. Certains nectars sont également susceptibles d'êtres laxatif (tilleul argenté, par exemple), ce qui pose problème en hiver car les abeilles sortent pour chier uniquement lorsque les conditions météo le permettent : lorsqu'elles n'ont pas d'autre choix que de le faire à l'intérieur les conditions sanitaires se dégradent. Le nectar constitue la part énergétique de la ration, qui suffit aux abeilles adultes.
-Les miellats : il s'agit des excrétions sucrées d'insectes suceurs de sèves comme les pucerons ou les punaises. Sous nos climats il peut être abondant en automne, mais le nectar lui est toujours préféré lorsque les deux sources coexistent. Très riche en glucose, il n'est pas conseillé de les faire hiverner sur du miel de miellat.
-Le pollen : Il s'agit de la source de protéine des abeilles, les plantes nectarifères ne sont pas toujours pollinifères. Il sert essentiellement à l'élevage du couvain et ne doit donc pas manquer aux pics de pontes. Certaines plantes comme le genêt en produisent beaucoup, mais c'est aussi le cas du pissenlit ou du saule par exemple. Il est stocké dans des alvéoles dédiées à proximité du couvain où il subit une lacto-fermentation sans laquelle il est peu digeste (y comprend pour les humains). L'extraction du miel à la centrifugeuse ne permet pas de le récolter du fait de sa nature solide, par contre l'extraction par broyage-égouttement permet d'obtenir un miel chargé en pollen dont le goût et la texture sont assez surprenant (c'est super bon !). Ca ne peut évidemment se faire que si le pollen est stockée avec du miel en l'absence de couvain, ce qui se produit lorsque l'intensité de la ponte baisse et que le couvain redescend. Certains pollens ont également mauvaises réputations, comme celui du genêt, mais qu'en est-il vraiment ?
-Les jus de fumier et autres concentrations d'urines : et oui, les abeilles apprécient cette mânes ! Ce qui leur a valu quelques hécatombes à cause des vermifuges ou à la suite de certaines vaccination du bétail (FCO notamment)... Pissez toujours au même endroit et vous y verrez probablement des abeilles
. Le rôle ce cette ressource chez l'abeille est mal connu, mais pourrait être lié à l'élevage du couvain (source d'azote).
-La propolis : il s'agit d'une cire (lipide) chargée en substances bactéricides, fongicides, antivirales... Elle est essentielle au maintien du bon état sanitaire de la ruche. Elle est employée pour boucher les trous, enduire des animaux morts présents dans la ruche, désinfecter les alvéoles dédiées au couvain avant la ponte (raison pour laquelle les rayons du couvain sont bruns, voir noir), etc. Elle est récoltée tel quel sur des bourgeons, le peuplier est de loin de plus productif à cet égard. On peut la récolter avec des grilles à propolis, qui sont en fait des grilles en plastique pleines de fentes que les abeilles vont reboucher pour assurer l'étanchéité.
-L'eau : par les chaudes journées d'été les abeilles peuvent mobiliser un grand nombre d'individus à la récolte d'eau qui sera déposée dans la ruche et évaporée par la ventilation. Le passage de l'eau liquide à l'eau gazeuse mobilisant de l'énergie, la température diminue ! Une exposition ensoleillée est favorable aux abeilles, mais attention aux expositions trop chaudes ! L'idéal est une exposition Est, qui permet une remontée précoce des température de la journée sans trop exposer les ruches aux chaleurs torrides du midi et de l'après-midi. Une lisière dégagée exposée Sud est également intéressante car elle laisse passer le soleil en début et fin de journée mais protège les ruches lorsque le soleil est haut dans le ciel. S'il n'y a aucun accès à l'eau a proximité des ruches, l'aménagement d'une marre ou seulement un bac d'eau leur est profitable, cela permet de raccourcir le chemin qui les sépare de cette précieuse ressource et ainsi de mobiliser moins de monde.
Une donnée importante dans l'approvisionnement en nectar et en pollen est la répartition dans le temps de leur disponibilité. La période la plus critique est le début du printemps, lorsque la ponte a redémarré, que la ruche devient populeuse mais que les premières grosses miellées ne sont pas encore au rendez-vous. Dans les régions où le pissenlit est abondant, leur floraison correspond à la fin de cette période critique. Pour assurer une source substantielle de pollen et de nectar, pensez aux saules qui sont les meilleurs à cette période (pollen + nectar). Les meilleurs mellifères sous nos climats sont le pissenlit, les trèfles, le tilleul, la ronce, la bruyère, le colza, le tournesol... Le robinier n'est pas un mellifère fiable, car il est capable suivant l'année du pire comme du meilleur. Sécheresse, fraicheur, manque d'ensoleillement, fortes chaleurs sont susceptibles de remettre en cause sa production de nectar et on ne doit pas compter sur lui au Nord de la Loire.