Ca se mange pas : mycorhizes éricoïdes (et bientôt d'autres)
Publié : 17 Mars 2014 00:00
Avant-propos
éricoïde - adjectif - Relatif aux Ericacées
La mycorhize éricoïde est une symbiose mutuelle entre les membres de la famille de plantes Ericaceae et plusieurs lignées de champignons (fungi)
Bruyères et éricacées
La symbiose permet et explique l'adaptation aux sols acides et pauvres en nutriments, que les espèces d'Ericaceae affectionnent traditionnellement : les forêts boréales, les tourbières et les landes de bruyère. Les bruyères sont de larges habitats ouverts dominés par les plantes telles que les callunes, ajoncs... ponctués par des arbres dispersés tels que les bouleaux argentés. Ce sont des paysages typiques, et essentiellement créés par l'homme. Ils se développent sur des terres stériles et infertiles. Ces terres sont souvent sableuses (et donc laissent tout drainer), acides et ont peu de nutriments utiles pour les plantes. Ils ne retiennent pas l'eau, les sécheresses d'été les affectent particulièrement. Sous de telles conditions, les incendies sont des dangers permanents, ce d'autant plus que la végétation est résineuse, et donc inflammable. Les mycorhizes éricoïdes, une association unique animal-végétal adapté pour tenir sous de telles conditions, ont évolué pour créer cette communauté distinctive
Hémisphère nord, de vastes zones peuvent être dominées par les Ericacées, tandis que dans l'hémisphère sud, les Epacridacées sont plus nombreux dans les milieux similaires. Les bruyères, acides, se trouvent typiquement dans les hautes altitudes et latitudes plus froides, et ont peu de nutriments. Il est possible que le succès des Ericales dans ce genre d'habitat est dû à l'association endomycorhize qu'ils forment avec les mycorrhizes éricoïdes. Quelques variétés de l'ordre Ericales forment des associations arbutoïdes et monotropoïdes.
Ancienneté
Les estimations de l'horloge moléculaire suggèrent que cette symbiose remonte à environ 140 millions d'années. Les recherches fossiles ont trouvé des Ericacées vieux de 55 millions d'années, et des Epacridacées depuis le Crétacée.
Structure et fonction
Les mycorhizes éricoïdes sont caractérisées par un enroulement fongique qui se forme dans les cellules épidermiques (matures) des poils absorbants des racines des ericacées. Ces champignons créent des réseaux d'hyphes autour de la paroi de ces poils absorbants, depuis lesquels ils pénètrent les murs des cellules corticales pour former des rouleaux qui peuvent densément peupler les cellules végétatives (en gros les hyphes pénètrent les cellules matures puis s'enroulent à l'intérieur). Cependant, le champignon ne pénètre pas les membranes plasmatiques des cellules apicales des poils absorbants de la racine, derrière le méristème croissant. Il s'y aventure quand la cellule devient mature. Des preuves suggèrent que cet enroulement fongique ne fonctionne que pour quelques semaines avant que les cellules de la plante et que l'hyphe fongique commencent à se dégrader.
Cet enroulement est le site où les champignons échangent les nutriments obtenus du sol contre les glucides (hydrates de carbone) fixé par la plante via la photosynthèse. Il a été montré que le champignon des mycorhizes éricoïdes avaient des capacités enzymatiques qui lui permettent de déstructurer des chaînes complexes de molécules. Ceci peut permettre à certains d'entre eux d'être saprophages. Cependant, la fonction principale de ces capacités enzymatiques est plus probablement d'accéder à des formes organiques de nutriments, tels que l'azote, dont la forme minéralisée est en quantité très limitée dans les habitats traditionnellement colonisés par les éricacées.
Jusqu'à 80% du volume des racines peut correspondre aux tissus fongiques
L'absence de structures reproductives et de spores a compliqué l'étude et la classification des champignons éricoïdes. La segmentation des hyphes en zigzag d'espèces telles que Hymenoscyphus ericae peuvent éventuellement permettre celles-ci, mais c'est l'utilisation des techniques examinant leur ADN et ARN qui ont permis des progrès dans ces recherches. Elles ont montré qu'il peut y avoir des variations génétiques considérables entre des isolats similaires en apparence
Taxonomie fongique
La majorité des recherches sur la physiologie et la fonction fongiques des mycorhizes éricoïdes sont concentrées sur les isolats fongiques morphologiquement identités comme Rhyzoscyphus ericae, de la division Ascomycota, de l'ordre Helotiales. L'application du séquençage ADN aux clones et isolats fongiques, depuis des réactions en chaîne par polymérase naturelles, a révélé des communités fongiques variées dans les racines éricoïdes. En plus de Rhyzoscyphus ericae, il est actuellement reconnue que les Ascomycota cultivables telles que Meliniomyces (intimement alliée avec Rhyzoscyphys ericae) et Oidiodendron maius formend des mycorhizes éricoïdes. D'autres champignons de la division Ascomycota ont aussi été isolé ou détecté via PCR direct sur des racines éricoïdes, mais leur capacité à former les enroulements caractéristiques n'ont pas été vérifiés et certains sont susceptibles d'être endophytes ou parasites. Les espèces Sebacina de la divission Basidiomycota sont fréquemment associées avec les racines éricoïdes. Elles ne sont cependant pas cultivables. De plus, elles forment d'autres types de mycorhizes avec d'autres plantes que les Ericacées, leur statut en tant que mycorhize éricoïde n'est donc pas encore clair, tant qu'il n'a pas été vérifié si elles formaient ou non des enroulements intracellulaires.
Distribution géographique
La symbiose des mycorhizes éricoïdes est largement répandue. Les Ericacées occupent au moins une partie de chaque continent, à l'exception de l'Antarctique. Quelques lignées parmi les ericacées (genre Arctostaphylos, genre Arbutus, genre Monotropa) ne forment pas de mycorhizes éricoïdes (mais en forment d'autres propres à leurs genres). La distribution géographique de la plupart de ces champignons n'est pas sûre, d'abord parce que l'identification des partenaires fongiques n'est pas toujours simple, surtout avant l'application des méthodes d'identification par l'ADN. Des champignons attribuées à Rhyzoscyphys ericae ont été identifiés dans les deux hémisphères, mais il est fort possible qu'il ne s'agisse pas de la même espèce. Des études ont également montré que les communités fongiques colonisant les racines éricoïdes ne sont pas toujours spécifiques à chaque variété d'ericacées, suggérant qu'au moins quelques-uns de ces champignons ont une large variété d'hôtes.
Enjeu économique
Les champignons des mycorhizes éricoïdes forment des symbiose avec plusieurs cultures (myrtille, airelle, canneberge...) et des espèces ornementales (Rhododendron...). L'inoculation de ces plantes avec des mycorhizes éricoïdes peuvent influencer la croissance des plantes et leur prélèvement de nutriment. Cependant, beaucoup moins de recherches agricoles ou horticoles sont faites sur les champignons mycorhizes éricoïdes que sur les champignons endomycorhizes et ectomycorhizes.
Source : http://www.davidmoore.org.uk/assets/mos ... ricoid.htm
http://en.wikipedia.org/wiki/Ericoid_mycorrhiza
Si quelqu'un veut rempaqueter ça pour le mettre sur wikipedia fr d'ailleurs...
éricoïde - adjectif - Relatif aux Ericacées
La mycorhize éricoïde est une symbiose mutuelle entre les membres de la famille de plantes Ericaceae et plusieurs lignées de champignons (fungi)
Bruyères et éricacées
La symbiose permet et explique l'adaptation aux sols acides et pauvres en nutriments, que les espèces d'Ericaceae affectionnent traditionnellement : les forêts boréales, les tourbières et les landes de bruyère. Les bruyères sont de larges habitats ouverts dominés par les plantes telles que les callunes, ajoncs... ponctués par des arbres dispersés tels que les bouleaux argentés. Ce sont des paysages typiques, et essentiellement créés par l'homme. Ils se développent sur des terres stériles et infertiles. Ces terres sont souvent sableuses (et donc laissent tout drainer), acides et ont peu de nutriments utiles pour les plantes. Ils ne retiennent pas l'eau, les sécheresses d'été les affectent particulièrement. Sous de telles conditions, les incendies sont des dangers permanents, ce d'autant plus que la végétation est résineuse, et donc inflammable. Les mycorhizes éricoïdes, une association unique animal-végétal adapté pour tenir sous de telles conditions, ont évolué pour créer cette communauté distinctive
Hémisphère nord, de vastes zones peuvent être dominées par les Ericacées, tandis que dans l'hémisphère sud, les Epacridacées sont plus nombreux dans les milieux similaires. Les bruyères, acides, se trouvent typiquement dans les hautes altitudes et latitudes plus froides, et ont peu de nutriments. Il est possible que le succès des Ericales dans ce genre d'habitat est dû à l'association endomycorhize qu'ils forment avec les mycorrhizes éricoïdes. Quelques variétés de l'ordre Ericales forment des associations arbutoïdes et monotropoïdes.
Ancienneté
Les estimations de l'horloge moléculaire suggèrent que cette symbiose remonte à environ 140 millions d'années. Les recherches fossiles ont trouvé des Ericacées vieux de 55 millions d'années, et des Epacridacées depuis le Crétacée.
Structure et fonction
Les mycorhizes éricoïdes sont caractérisées par un enroulement fongique qui se forme dans les cellules épidermiques (matures) des poils absorbants des racines des ericacées. Ces champignons créent des réseaux d'hyphes autour de la paroi de ces poils absorbants, depuis lesquels ils pénètrent les murs des cellules corticales pour former des rouleaux qui peuvent densément peupler les cellules végétatives (en gros les hyphes pénètrent les cellules matures puis s'enroulent à l'intérieur). Cependant, le champignon ne pénètre pas les membranes plasmatiques des cellules apicales des poils absorbants de la racine, derrière le méristème croissant. Il s'y aventure quand la cellule devient mature. Des preuves suggèrent que cet enroulement fongique ne fonctionne que pour quelques semaines avant que les cellules de la plante et que l'hyphe fongique commencent à se dégrader.
Cet enroulement est le site où les champignons échangent les nutriments obtenus du sol contre les glucides (hydrates de carbone) fixé par la plante via la photosynthèse. Il a été montré que le champignon des mycorhizes éricoïdes avaient des capacités enzymatiques qui lui permettent de déstructurer des chaînes complexes de molécules. Ceci peut permettre à certains d'entre eux d'être saprophages. Cependant, la fonction principale de ces capacités enzymatiques est plus probablement d'accéder à des formes organiques de nutriments, tels que l'azote, dont la forme minéralisée est en quantité très limitée dans les habitats traditionnellement colonisés par les éricacées.
Jusqu'à 80% du volume des racines peut correspondre aux tissus fongiques
L'absence de structures reproductives et de spores a compliqué l'étude et la classification des champignons éricoïdes. La segmentation des hyphes en zigzag d'espèces telles que Hymenoscyphus ericae peuvent éventuellement permettre celles-ci, mais c'est l'utilisation des techniques examinant leur ADN et ARN qui ont permis des progrès dans ces recherches. Elles ont montré qu'il peut y avoir des variations génétiques considérables entre des isolats similaires en apparence
Taxonomie fongique
La majorité des recherches sur la physiologie et la fonction fongiques des mycorhizes éricoïdes sont concentrées sur les isolats fongiques morphologiquement identités comme Rhyzoscyphus ericae, de la division Ascomycota, de l'ordre Helotiales. L'application du séquençage ADN aux clones et isolats fongiques, depuis des réactions en chaîne par polymérase naturelles, a révélé des communités fongiques variées dans les racines éricoïdes. En plus de Rhyzoscyphus ericae, il est actuellement reconnue que les Ascomycota cultivables telles que Meliniomyces (intimement alliée avec Rhyzoscyphys ericae) et Oidiodendron maius formend des mycorhizes éricoïdes. D'autres champignons de la division Ascomycota ont aussi été isolé ou détecté via PCR direct sur des racines éricoïdes, mais leur capacité à former les enroulements caractéristiques n'ont pas été vérifiés et certains sont susceptibles d'être endophytes ou parasites. Les espèces Sebacina de la divission Basidiomycota sont fréquemment associées avec les racines éricoïdes. Elles ne sont cependant pas cultivables. De plus, elles forment d'autres types de mycorhizes avec d'autres plantes que les Ericacées, leur statut en tant que mycorhize éricoïde n'est donc pas encore clair, tant qu'il n'a pas été vérifié si elles formaient ou non des enroulements intracellulaires.
Distribution géographique
La symbiose des mycorhizes éricoïdes est largement répandue. Les Ericacées occupent au moins une partie de chaque continent, à l'exception de l'Antarctique. Quelques lignées parmi les ericacées (genre Arctostaphylos, genre Arbutus, genre Monotropa) ne forment pas de mycorhizes éricoïdes (mais en forment d'autres propres à leurs genres). La distribution géographique de la plupart de ces champignons n'est pas sûre, d'abord parce que l'identification des partenaires fongiques n'est pas toujours simple, surtout avant l'application des méthodes d'identification par l'ADN. Des champignons attribuées à Rhyzoscyphys ericae ont été identifiés dans les deux hémisphères, mais il est fort possible qu'il ne s'agisse pas de la même espèce. Des études ont également montré que les communités fongiques colonisant les racines éricoïdes ne sont pas toujours spécifiques à chaque variété d'ericacées, suggérant qu'au moins quelques-uns de ces champignons ont une large variété d'hôtes.
Enjeu économique
Les champignons des mycorhizes éricoïdes forment des symbiose avec plusieurs cultures (myrtille, airelle, canneberge...) et des espèces ornementales (Rhododendron...). L'inoculation de ces plantes avec des mycorhizes éricoïdes peuvent influencer la croissance des plantes et leur prélèvement de nutriment. Cependant, beaucoup moins de recherches agricoles ou horticoles sont faites sur les champignons mycorhizes éricoïdes que sur les champignons endomycorhizes et ectomycorhizes.
Source : http://www.davidmoore.org.uk/assets/mos ... ricoid.htm
http://en.wikipedia.org/wiki/Ericoid_mycorrhiza
Si quelqu'un veut rempaqueter ça pour le mettre sur wikipedia fr d'ailleurs...