Méthode Fukuoka Bonfils

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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par Karmai » 19 Août 2012 09:03

la méthode de Bonfils n'implique pas a priori la culture sous foret. En plus, les récents travaux en agroforesterie montrent que graminés et arbres peuvent être cultivés ensemble (une photo dans cet article:http://jardinons.wordpress.com/2008/11/08/agroforesterie-lexemple-du-cacao/).
Lorsqu'il a testé son expérience en Beauce, Bonfils mentionne effectivement qu'il a conservé une partie du boisement du lieu, par contre il est tout à fait clair sur le fait qu'il obtient un rendement très satisfaisant. D'ou tiens tu que ça n'a pas marché?
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par grandevallee » 20 Août 2012 02:22

moi j essaie les cerises de terre dans la foret cette année sous des érables a sucres
je vais essayer blé et avoine aussi, car il m,en reste de mes chevaux
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par autrevie3 » 20 Août 2012 09:12

(cerise de terre:physalis).


il me semble avoir lu ca dans un Escampe,ou une doc de l'asencentadas.

oui des haies espacés de 60 mètre ou même 50 (en agroforestrie) ne dérangent pas,sinon personne ne feraient plus de céréales en agroforesterie.
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par Maxime Leloup » 21 Août 2012 13:36

Si vous parlez du blé d'hiver biné pour thaller à foison, Joseph Pousset (agronome pratiquant sur le terrain avec une démarche rationnelle et mesurée) à testé et confirme la valeur annoncée dans son livre : 120 quintaux à l'hectare (je teste cet hiver, la bâche est déjà posée). Par contre en effet c'est en milieu ouvert. Cela n'empêche pas qu'il y ait des arbres autour. Simplement il n'y en a pas au dessus. Martin Crawford (autre agronome de terrain avec la même démarche) dit clairement qu'avec nos niveaux d'ensoleillement (nord de la France), on ne peut pas faire un jardin forêt strictement vertical. (sauf cas particulier avec des plantes déjà bien sciaphiles). Bref pour faire du blé sous des arbres, il va falloir élaguer fort ce qui en diminue l'attrait. Sinon il me semble que le paysan boulanger dont tu parles est Nicolas Supiot, mais en fait on peut certainement inclure beaucoup des paysans boulangers du réseau semences paysannes.
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par Karmai » 21 Août 2012 15:30

Maxime Leloup a écrit :Si vous parlez du blé d'hiver biné pour thaller à foison, Joseph Pousset (agronome pratiquant sur le terrain avec une démarche rationnelle et mesurée) à testé et confirme la valeur annoncée dans son livre : 120 quintaux à l'hectare (je teste cet hiver, la bâche est déjà posée). Par contre en effet c'est en milieu ouvert. Cela n'empêche pas qu'il y ait des arbres autour. Simplement il n'y en a pas au dessus. Martin Crawford (autre agronome de terrain avec la même démarche) dit clairement qu'avec nos niveaux d'ensoleillement (nord de la France), on ne peut pas faire un jardin forêt strictement vertical. (sauf cas particulier avec des plantes déjà bien sciaphiles). Bref pour faire du blé sous des arbres, il va falloir élaguer fort ce qui en diminue l'attrait. Sinon il me semble que le paysan boulanger dont tu parles est Nicolas Supiot, mais en fait on peut certainement inclure beaucoup des paysans boulangers du réseau semences paysannes.



Je parle effectivement de Nicolas Supiot, je suis en contact avec des chercheurs en sélection participative qui m'ont donné son contact. Là il est en vacances apparemment mais je le contacterai fin Aout de nouveau.
Quand à la méthode Bonfils, je crois que ce n'est pas par le binage que le thallage est stimulé. C'est plutot le fait du semis direct sous couvert blé très tot+trefle blanc en couverture+semis très basse densité dont il s'agit pour la méthode bonfils. Ceci dit le travail de Jospeh Pousset m'intéresse. je n'ai pas trouvé de référence sur le net par rapport à son expérimentation. Est-ce que tu en aurais?
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par Maxime Leloup » 21 Août 2012 15:51

http://www.amazon.fr/Agriculture-nature ... 2912199166
Joseph Pousset est agriculteur (en plus d'être agronome) et s'adresse aux agriculteurs principalement. Il travaille sans apport extérieur à la ferme sauf semences (et en plus il habite à côté de chez moi :-) ).
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par Karmai » 23 Août 2012 21:28

Merci Maxime pour le document de Pousset. J'aime beaucoup son style et sa concision. Pour ceux qui voudrait lire la technique de blé jardiné de Pousset, c'est ici que ça se passe: https://www.dropbox.com/s/orxkk97rvxfs7 ... ousset.pdf

Au final, la méthode de blé jardiné confirme la méthode Bonfils. Thallage élevé, semis précoce et peu dense. Par contre, cette dernière résout en théorie les limites qu'identifie Pousset (Azote facteur limitant au Printemps - besoin d'arrosage - besoin de sillons) par la présence d'un couvert de trèfle blanc. En effet, celui-ci limite l'évapotranspiration, fixe de l'azote dans le sol et améliore la teneur en carbone du sol).
Si Pousset annonce des résultats supérieurs ou égal à 100 quintaux, il est alors possible que Bonfils ait atteint des niveaux similaires voir supérieurs avec une méthode plus avancée que celle pratiquée dans les années 40 (comme le dit Pousset).
Enfin, la méthode Bonfils limite un certain nombre de travaux (pépinière, sillons) et la rend donc à priori moins intensive en travail.
Le fait que Bonfils soit assez massivement contre le machinisme fait qu'il n'a pas imaginé un moyen de réaliser cette culture sur une plus grande surface, je ne vois personnellement aucune contre-indication sauf celle de la non disponibilité des machines qui seraient adaptés à une telle méthode.
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par moilamain » 27 Août 2012 12:02

qui peut certifier que la marc Bonfils de 57 ans retrouvé mort, dixit l'article de journal, est bien la Marc Bonfils agronome de la méthode Fukuoka-bonfils ?
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par Clue » 28 Août 2012 16:24

Bonjour,

cela fait 3 ans que j'expérimente les céréales au jardin, c'est peu mais j'ai qq observations et réflexions qui pourraient nourrir le débat.

J'ai voulu faire des céréales (<1m²) au départ par curiosité, j'ai semé fin mars, j'ai arrosé et le résultat fut médiocre. J'ai ensuite semé une part de cette récolte, vraiment pas au top, sur 1 m² environ mi-octobre 2010, cela a donné une belle récolte avec de très beaux épis. J'ai réitéré en octobre/novembre 2011 avec plusieurs types de céréales (orge, amidonnier, blé dur, blé tendre, seigle, petit et grand épeautre).
Début 2011 fût très sec et ensoleillé jusqu'à la fin du printemps (quasi pas de pluie). Été pluvieux. Fin 2011 plutôt doux et sec.
Début 2012 fût très froid (février) puis très humide peu ensoleillé et plutôt froid globalement jusqu'au début de l'été (quasi que de la pluie).
Une partie de l'orge et du blé dur n'ont pas résisté au froid intense et sec de février 2012 (un semis début mars a été refait).

Le blé tendre très beaux en juin a germé et noirci partiellement en juillet 2012 (temps apocalyptique !!!), le semis était dense sur 1 m² et clair sur 1 autre m² (du simple au double) et n'a pas versé, c'est vraisemblablement un blé hybride des années 50 (1,2 m en moyenne). La récolte des épis seul non décortiqués a donné 1,2 kg sur le semis dense et 1 kg sur le semis clair. Il me parait impossible de faire la même chose sur 1 m² que sur 1 ha, mais sur le papier ma récolte reste quand même significative. S'il n'avait pas plu en juillet j'aurai eu qq chose de remarquable ! Même si l'on peu faire de la farine avec ces grains, j'en suis très peu satisfait, la qualité du grain est vraiment médiocre.

Pas facile donc de conclure sur un rendement idéal, le même blé poussé dans les hautes Alpes (son lieu d'origine) a donnée un rendement plus faible (de moitié je dirais, en juillet 2012 avec une fin de printemps et un début d'été très sec et ensoleillé) mais avec une qualité remarquable, a la vue et au goût !

Sinon toutes les autres céréales de mon jardin en 2012 m'ont donné satisfaction (sauf le seigle) de beaux épis et sans doute de bon rendement (l'orge a donné près de 400 g de grain par m², il a rapidement versé mais les grains sont restés beaux, toutes les autres céréales me semblent avoir donné un rendement au moins équivalent même si ce n'est pas l'objet de ma démarche. J'observe sur des grains isolés (petit et grand épeautre) jusqu'à 15 tiges par plants donc environ 300 grains pour 1 (en prenant un rendement médiocre de 20 grains par épis) sur une surface relativement faible 15 cm².

L'expérience très intéressante de Pousset parle de 120 000 plants /ha donc 12 plants par m² avec un semi vers la mi-septembre (ça fait en gros du 30 - 40 cm en tout sens), pour ma part j'ai dû faire des semis 3 à 5 fois plus dense de la mi-octobre à la mi-novembre. Je dois donc pouvoir réduire le nombre de plant tout en sauvegardant mes rendements, 15-20 cm en tout sens par exemple.

La méthode passionnante de Bonfils, qu'il faut lire, ne me semble néanmoins pas très réaliste (c'est subjectif mais les résultats me semblent délicat à obtenir, c'est un peu comme la biodynamie efficace mais pas trivial), pour l'orge chez moi ça ne marcherait pas, les semis spontanés d'été (lors de la récolte) sont en grain à l'automne, certainement des variétés de printemps. Ensuite l'orge résiste bien à la sècheresse pas forcément toutes les autres céréales qui en l'absence de couverture végétale (trèfle) se verraient fortement affaiblis (jaunissement), le trèfle seul ne me semble pas si miraculeux que ça à moins d'avoir des arbres en plus; enfin je ne me vois pas arroser mes céréales même dans un jardin !

De toutes façons, ma motivation initiale était d'enchaîner la culture de céréale d'automne sur une culture de légume d'été (après récolte des céréales) en utilisant la paille en place comme couverture... le cycle fin octobre/fin juillet semble intéressant de ce point de vu. Je crois d'ailleurs que Fukuoka parle d'une culture de riz aux dates classiques (saison humide) suivi d'une culture d'orge (saison sèche) ce qui semble plutôt judicieux tout en lui assurant une fertilité permanente du sol sans labours, la paille étant laissé sur place avec un apport de fumier de volaille en faible quantité.

Bref, ni Bonfils ni Pousset, n'arrangent mes affaires sur la gestions du cycle annuel des cultures permanentes des parcelles du jardin. Par contre Fukuoka donne un bon exemple facile à appliquer ailleurs, il étudie même l'impact du rendement sur la densité des semis mais il pratique finalement le semi à la volé de grain enrobé d'argile ce qui donne une bonne idée de la densité moyenne à appliquer. A la limite, l'expérience de Pousset est facile à tester avec succès (ce que je vais essayer) et peut s'appliquer sur certaines cultures commencées plus tôt dans la saison (mai/juin) pour un semi vers la mi-septembre, le pb restant étant alors de lutter contre les herbes indésirables qui poussent encore très bien en début d'automne. Avec une couverture en trèfle c'est peut-être jouable mais encore faut-il pouvoir l'obtenir avec la culture précédente, sinon c'est désherbage manuel en cours de culture mais je n'y suis guère enthousiaste, à voir donc !

J'apporte du compost à mes cultures, en moyenne 1 cm d'épaisseur sur toute la surface à chaque nouveau semis, toutes mes cultures ne sont pas couronnées de succès, loin s'en faut, par contre les céréales ont toujours bien poussé sans effort en automne et fin d'hiver et ce malgré les aléas climatiques.
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par eon » 29 Août 2012 14:52

Merci pour ce témoignage et pour tes essais Clue. :super:
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par geispe » 29 Août 2012 15:41

fort intéressant tout çà... pas eu de problèmes avec les rongeurs ? (chez moi ils (mulots) ont tout mangé mais je suis en région forestière)
fais-tu la différence entre céréales de printemps (blé p.ex. et d'hiver) car ce ne sont pas les mêmes semences, non ?
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par Clue » 29 Août 2012 17:27

Si ;-) été 2011 et j'y ai perdu des céréales, des patates et tout un tas de graine...

Une sorte de rat d'une intelligence suprême ! N'ayant pas voulu le tuer j'ai acheté des pièges, mais rien n'y a fait ! Il a toujours tout contourné...
Je pense qu'il y avait une petite famille mais les chats on pas trop mal régulé (des grosses feignasses quand même !), surtout les jeunes. Le dernier mangeait tout, le plastique le bois même les pastilles chlorés pour la piscine des enfants. Il a bien résisté jusqu'au jour ou avec le voisin on a pris l'option grain raticide ! On n'a même pas déballé (boite plastique rigide dans le sac plastic d'achat), on était devenu machiavélique avec ce rat qui détournait tous nos pièges faut dire qu'on l'a pris un peu pour un débile notre rat, bref, on l'a eu comme un bleu avec notre boite fermé qu'il a éventré très largement pour son dernier repas, sic !

Pour la prochaine fois j'ai une idée de piège maison plus subtil et sans danger ! La maison est bien fermé maintenant et je n'ai plus eu ce pb en 2012, mais il y a beaucoup plus de petits rongeurs que les chats ont moins de mal à réguler...

Pour les céréales dites anciennes, je crois que la plupart sont dites d'automne (au moins pour la France et les climats proches). Après il y a celles qui n'aiment pas le froid mais qui peuvent quand même résister à l'hiver (surtout dans le sud de la France) comme certains orges, d'Afrique du nord, que je cultive ainsi que le blé dur qui vient généralement de contré plus chaude comme l'Italie du sud où il passe bien l'hiver.

Non, je ne fais pas de différence, on peut faire aussi bien à l'automne qu'au printemps (plutôt fin février-mars en France à Paris). Moi, je suis juste plus branché automne, au printemps le cycle végétatif de la céréale est plus rapide et rattrape la maturité des blés d'automne, il y a une perte dans le rendement de celle-ci (paille et épis plus court du blé dur par rapport a celui qui a résisté a l'hiver) mais pas dans la qualité du grain.

Pour des infos plus précises il y a ce site :
http://domenicus.malleotus.free.fr/v/bles.htm
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par satya » 29 Août 2012 19:16

attention M.Bonfils parle de blé d'hiver d'hiver ,CAD de blé non croisé avec des variétés de printemps ,dés variétés anciennes ,bien avant les blé de noé (rouge de BDX ,etc...)

il n'y a qu'avec ces variétés que l'on peut avoir un trés fort tallage et donc pratiquer la méthode FUKUOKA-BONFILS

on as fait quelque teste avec de l'amidonnier ,un semer au printemps ,l'autre l'automne .

printemps trés peu de tallage et la maturité assez tardive
automne fort tallage et maturité normal

c'est vrai que les epis sont aussi beau mais je pense que la plante n'a pas le temps de developper un systeme racinaire assez important pour un fort tallage.
voir meme je me pose la question : est ce qu'un semis de printemps ne pompe pas plus de "fertilité" .

au printemps le sol est froid ,l'activité biologique trés faible donc l'azote issu de cadavre microbien disponible est trés restraint .
l'enracinement peu profond fait aussi que la plante pompe seulement en surface.

les semis de printemps ce font uniquement en montagne ,la ou les cereales ne passerai pas l'hiver.

l'orge est souvent cultiver dans ces lieux ,et le sol couvert par la neige, oxigene le sol ;
le soleil tape fort et rechauffe rapidement le sol .

donc je vois peu d'interer a semer des cereales au printemps , sauf si le climat ne ce prette pas a une autre culture.

merci Clue pour ce retour d'experience
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par Karmai » 29 Août 2012 20:48

Merci pour vos retours d’expériences. La méthode Fukuoka-Bonfils est en effet:

- strictement pour le blé d'hiver
- strictement sur les variétés à fort potentiel de tallage
- un semis en été (et non en automne ni au printemps)
- avec un couvert de trèfle blanc
- un semis très peu dense

Tous ces éléments me semblent essentiels à la réussite de cette méthode. L'absence de trèfle blanc verrait un déficit d'azote s'installer. Un semis d'automne ne permettrait pas à la plante de prendre de l'avance et de taller fortement en bénéficiant de la chaleur et de l'azote de fin d'été. Une variété "moderne" de blé d'été verrait probablement une montaison catastrophique juste avant l'hiver. Un semis plus dense limiterait le tallage et n'aurait pas assez d'azote disponible. Etc.

Ce qui est intéressant avec tous ces retours, c'est de constater que des formes jardinées de blé d'hiver ont un très fort potentiel (Pousset) et que la proposition de Bonfils vient améliorer cette pratique ancienne en collant au plus près de la physiologie du blé d'hiver. L'autre élément aussi, c'est qu'il semble que peu de gens (personne?) ne semblent avoir essayé de répéter le protocole de Bonfils en suivant la "recette" scrupuleusement. Le dernier point, en conséquence du précédent, c'est que persone ne peut invalider la proposition de Bonfils.

J'ai hâte d'avoir Nicolas Supiot au téléphone pour avoir son avis sur la question.
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par Maxime Leloup » 30 Août 2012 09:49

Karmai a écrit :Merci Maxime pour le document de Pousset. J'aime beaucoup son style et sa concision.

Oui, en tant qu'agronome de terrain, il va droit au but.

Karmai a écrit :Au final, la méthode de blé jardiné confirme la méthode Bonfils. Thallage élevé, semis précoce et peu dense. Par contre, cette dernière résout en théorie les limites qu'identifie Pousset (Azote facteur limitant au Printemps - besoin d'arrosage - besoin de sillons) par la présence d'un couvert de trèfle blanc. En effet, celui-ci limite l'évapotranspiration, fixe de l'azote dans le sol et améliore la teneur en carbone du sol).

Je cite Pousset à propos des sillons :
La fermeture progressive des sillons entraîne la formation d'un grand nombre de racines [secondaires], de thalles et donc d'épis.
Les sillons bien conduits sont là pour stimuler le thallage. Ce qui n'empêche pas de semer du trèfle blanc entre les sillons (espacement des sillons à 50 cm). L'arrosage n'est nécessaire à prioiri qu'en cas de repiquages successifs, pépinière et prégermination des grains de blés, qui sont tous les 3 facultatifs.

Karmai a écrit :Si Pousset annonce des résultats supérieurs ou égal à 100 quintaux, il est alors possible que Bonfils ait atteint des niveaux similaires voir supérieurs avec une méthode plus avancée que celle pratiquée dans les années 40 (comme le dit Pousset).
Enfin, la méthode Bonfils limite un certain nombre de travaux (pépinière, sillons) et la rend donc à priori moins intensive en travail.
Ce qui serait vraiment intéressant, ce serai de comparer la méthode Bonfils (ou Pousset avec trèfle blanc et sans ce qui est facultatif, c'est à dire la même chose) avec et sans sillons puis binages successifs, pour en évaluer l'impact sur le thallage (qui vaut l'effort d'après Pousset).

On pourrait réécrire notre fable du corbeau et du renard :
Sans mentir, si votre thallage
Se rapporte à votre binage,
Vous êtes le bon fils des hôtes de ces bois.
En fin bon, faut pas pousset non plus. :mdr3:

Karmai a écrit :Le fait que Bonfils soit assez massivement contre le machinisme fait qu'il n'a pas imaginé un moyen de réaliser cette culture sur une plus grande surface, je ne vois personnellement aucune contre-indication sauf celle de la non disponibilité des machines qui seraient adaptés à une telle méthode.
C'est vrai que Pousset est dans une approche différente, il s'adresse principalement aux agriculteurs actuels qui utilisent des machines.
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par Clue » 30 Août 2012 14:41

Bien vu la fable :)

Dans le rapport sur la méthode Bonfils (p.10) il est noté qu'il vaut mieux éviter le Blé Poulard Osiris.
J'avais tilté sur le "à éviter" (pourquoi lui ?), et comme j'avais une parcelle de ce blé non récolté dans mon jardin je suis allé voir hier de plus près :
L’épi très impressionnant produit jusqu'à 300 grains, moi j'ai pu constater au moins 150 beaux grains ce qui est "miraculeux" ;-). Le truc c'est qu'il ne thalle pas bien fort ! Souvent 1 pied = 1 épi, cela explique peut-être le "à éviter"...
Les grains ont été aussi très appréciés par les moineaux, c'est pour ça que je l'avais laissé en place (et que j'avais peut être plus que 150 grains), pas sur que ça plaise à tout le monde mais mes autres céréales n'ont pas été touché. L'épi est rigide les moineaux tiennent bien dessus, il y a plein de grain sur un épi, c'est le top pour eux ! je refais sans hésiter !

http://www.museum.agropolis.fr/pages/do ... _ouvrage=1
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par moilamain » 02 Sep 2012 15:04

Le couvert de trèfle permanent devrait avoir raison des mauvaises herbes. Faut essayer d'implanter les fleurs compagnes du blé : lin, coquelicot, etc. vu que c'est des petites fleurs, elles ne gênent pas la récolte de blé haut.
Pour remplacer le compost, fukuoka rapportait la paille et du fumier de poule (beaucoup de fumier contrairement à ce qu'énonce ses principes : pas d'engrais !)
sinon, sans le fumier, les tiges ne compostent pas vite...
au final, le fumier ne sert pas d'engrais vu que y'a déjà le trèfle qui s'en charge, mais il joue un rôle clé dans l'humification des sols et le recyclage des pailles.

Et pour info, Pousset pense que la permaculture est un truc de hippi (et montre qu'il n'a rien compris au concept), Il en écrit une page dans son livre l'agriculture naturelle. Cela étant dit, ses méthodes sont très intéressantes.
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par Karmai » 02 Sep 2012 17:26

Ce qui fait que les tiges peuvent ne pas composter vite c'est la forte proportion de carbone de ces résidus. Avec un couvert de trèfle, l'apport d'azote me semble en partie garanti pour l'équilibre C/N. Donc exit effectivement le fumier à priori, ce qui est pratique car c'est quand même du boulot à gérer tout ça.

Quant à la Permaculture, y'a quand même un fond un peu new age qui est réel (genre le mandala de permaculture sur wikipedia :roll: , mais c'est pas si grave que ça.
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par Maxime Leloup » 02 Sep 2012 18:15

moilamain a écrit :Pousset pense que la permaculture est un truc de hippi (et montre qu'il n'a rien compris au concept)

Bon, on va pas relancer un débat stérile. Mieux vaut se contenter partager ce qui nous réunit ponctuellement. Pour le reste chacun voit midi à sa porte et c'est très bien comme ça.

La plus grande qualité de Joseph Pousset est d'être un agronome, donc avec une formation initiale sérieuse, de terrain, donc qui pratique concrètement ce dont il parle, qui a l'honnêteté de faire la différence entre ce qu'il a vu sur le terrain et ce qu'il a lu/vu/entendu dire. Force est de constater que ce n'est pas monnaie courante. Il n'est pas parfait, en particulier je lui trouve un rapport au paysage trop utilitariste, pour lui les espaces à laisser en libre évolution ne sont que ceux que l'on ne peut pas utiliser. Dommage. Cela dit on rencontre ce genre de réflexions partout : chez des naturalistes qui ne comprennent pas l'intérêt de ces espaces tout simplement car il ne les connaissent pas, chez les paysans, agriculteurs etc., chez les "alter" en tout genre (identiques au précédents sur ce point).

Bref, pas besoin d'épiloguer là dessus, l'image "hippie new age" vous colle au train, à vous de passer outre (en bâtissant concrètement sur le terrain) si vous vous sentez permaculteur.

Les chiens aboient (et de tous sens), la caravane passe.
Modifié en dernier par Maxime Leloup le 03 Sep 2012 12:05, modifié 1 fois.
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Re: Méthode Fukuoka Bonfils

Message par moilamain » 03 Sep 2012 01:55

Fukuoka avait aussi du trèfle dans ses champs et pourtant il ajoutait quantité de fumier de poule pour la décomposition des pailles.
Perso je pense pas que le trèfle équilibre le rapport C/N pour la paille vu qu'il fournit en azote sous terre et non au contact de la paille.
La décomposition prend alors bcp plus de temps et cela doit mobiliser l'azote plus tardivement, à un moment où la nouvelle culture en a besoin...
Bon, c'est des suppositions...
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