La théorie de l'excès de culture : l'école ne peut rien, mais absolument rien, sur le fait d'avoir un métier. Ou plus exactement que la compétition scolaire, c'est à dire l'idée que si on en bave dans l'école ça améliore notre chance de trouver une place dans la société, c'est vrai à titre individuel, c'est faux à titre collectif. Je vais m'expliquer. Vous comprenez bien que dans un système où tout le système monte et qu'il faut avoir de plus en plus de diplômes pour avoir un malheureux poste un peu minable... C'est vrai que vous avez intêret à accumuler, accumuler. Mais vous comprenez bien qu'ils font tous pareil, tous ils essaient de monter. Donc c'est tout le système. Et donc les diplômes se déprécient fur à mesure.
1973 : fin du plein emploi, début du chômage structurel de masse. Nous en savons dès lors plus que ce qu'on nous laisse faire dans l'organisation du travail de l'entreprise. L'organisation du travail reste très largement stupide ; on appel ça une organisation scientifique du travail. Et donc nous sommes de plus en plus intelligent et on continue à ne rien nous laisser faire comme initiative. "C'est la secrétaire trilingue qu'on ne laisse utiliser qu'une langue, pour coller les timbres".
Et donc ce qui va se passer c'est que la secrétaire trilingue, pour arriver à se caser là-dedans, là c'est la bagarre. On appelle ça la lutte des places.
Pour arriver à se caser là-dedans elle va se présenter à un patron "moi je suis une secrétaire trilingue", puis à côté y a une secrétaire bilingue, et une secrétaire monolingue. Et elles acceptent toutes les trois le même salaire. La secrétaire trilingue accepte de baisser ses exigeances salariales pour avoir le boulot à tout prix, et donc le patron va engager la plus qualifiée pour lui confier un travail débile de secrétaire monolingue, pour coller des timbres, elle ne va pas utiliser ses compétences.
Et donc elle va pousser vers le bas la secrétaire monolingue qui va devoir, elle, se caser là-dedans, et elle, elle va piquer le boulot d'une caissière à Auschamp, et qui elle va piquer le boulot, et caetera... Et à la fin, pour un qui se case là-dedans, vous avez pas un, mais deux qui sortent en bas. début du chômage structurel de masse.
Chaque fois qu'il y en a un qui arrive à se caser, là y en a deux qui sortent là. Et donc, quand je vous dit que, c'est vrai individuellement, mais c'est faux collectivement, chaque fois que l'un de nous arrive à rentrer dans le système, il se fout complètement de savoir qu'il y a quelqu'un d'autre qui sort quelque part.
On appelle ça "l'insertion proffesionnelle".
Et donc c'est un système mortifère, parce que c'est vrai qu'il vaut mieux se battre comme des chiens et pousser ses gosses à faire des diplômes, des diplômes, des diplômes... À condition de se dire qu'on a rien à foutre du chômage qui augmente. Car vous comprenez qu'avec tous les gens qui trouvent du travail, depuis le temps, y aurait plus de chômage.
Donc cette théorie, c'est la théorie de l'excès de culture, et elle permet de vous dire qu'il ne sert plus à rien, je veux dire, c'est pas parce que vous allez accumuler des diplômes que ça va baisser le chômage ; ça va simplement rendre plus violent la compétition. Mais, je veux dire, l'école ne règlera pas la question du chômage, et c'est un scandal, c'est un scandal, de faire croire que l'école, si on la réforme, va mettre fin au chômage. C'est une horreur ce truc-là. Ne laissez jamais dire ça. Ne votez pas pour les gens qui disent ça.
Et donc pourquoi c'est un scandal ? Mais c'est parce qu'il n'y a aucun rapport, je sais que c'est difficile à comprendre, je le fais vite y a pas le temps, mais il n'y a aucun rapport entre l'école et l'emploi. Aucun, absolument aucun. Je sais que dans vos têtes peut-être si, mais en fait non.
Et alors cette école, cette école de Condorset, cette école dont je viens de dire du mal pendant à peu près deux heures et des brouettes, nous allons la perdre, dans très peu de temps maintenant. Cette école va être privatisée. Elle va être privatisée parce que c'est le dernier bastion de politique pulbique qui résiste encore à la privatisation et que l'Europe, pardon, l'Union Européenne, ne confondez pas Europe et Union Européenne. L'Union Européenne veut privatiser le marché éducatif.
Et donc vous avez un site magnifique qui s'appelle "l'appel pour une école démocratique" et dans lequel on est allé chercher tous les textes de l'OCDE, l'OCDE c'est le club Européen dont l'objectif est de nous faire passer la pillule des privatisations. Avec des termes ; "la réforme du lycée", "les lycées modulaires", "les lycées à la carte", "le choix laissé aux élèves de choisir", "la liberté de choix", enfin bref. Marchandisation, privatisation du système complet. Et donc, cette phrase, écoutez cette phrase magnifique d'un rapport de l'OCDE 1999 "les perspectives de profit pour les investisseurs institutionnels", vous savez qui c'est ? Maintenant on le sait depuis le crash. C'est les assurances, les fonds de pension des Americains, et les banques. Des gens qui ont des milliards à jouer en bourse. On appelle ça les investisseurs instiutionnels. Et bien, "les perspectives de profit, sur le marché éducatif" c'est à dire, si on arrive à péter l'Education Nationale et à ouvrir un système de marché éducatif. "Les perspectives de marché sont de l'ordre de 1 à 7", c'est à dire de sept euros ramassés pour un euros investit, "quand elles ne sont que de 1 à 2 sur le marché de la construction automobile". Rapport de l'OCDE 1999, est-ce que vous croyez que les zinzins sont assez zinzin pour laisser passer une perspective de profit de 1 à 7 ? Et donc il faut péter les éducations nationales en Europe, et c'est déjà commencé.
Il y a aujourd'hui 3 tendances qui vont déchirer l'Education Nationale et qui vont faire péter le système.
Vous avez ceux qui disent, "mes petits amis, l'école elle est là pour instruire, point barre." C'est à dire transmetre des morceaux de connaissance, de géographie, pendant des tranches d'heures à des groupes d'élèves. "Nous ne sommes pas des travailleurs sociaux, nous ne sommes pas des animateurs de MJC, nous ne sommes pas des psychologues, nous sommes des enseignants ; foutez-nous la paix avec les problèmes des jeunes ; nous ne connaissons pas de personne. Nous ne connaissons que des élèves. Et si Karine subit dans sa famille de la part de son beau-père, depuis l'âge de dix ans, des -nananana-, qui fait que quand elle arrive en classe elle est pas très révéillée pour faire ses devoirs et tout ça, ça n'est pas notre problème. Que les gens dont c'est le problème, règlent le problème de la famille de Karine, mais moi je suis proffesseur de geographie, qu'on me foute la paix avec les problèmes sociaux. Donc si vous me laissez faire mon métier, vous verrez, que l'école sera de nouveau, une école qui fonctionne et qui donnera du boulot pour tout le monde".
Donc vous avez une première tendance ; en gros ce sont les ayatolas républicains. Régis Debrés, Isabelle de Fontenay, Finkel Cro, toute la bande.
Et donc vous avez une seconde tendance qui dit "mes petits amis, il faut que l'école arrête d'instruire, c'est à dire de transmetre des morceaux de connaissance débile qui ne servent plus à rien, les élèves en savent plus sur les états unis en regardant internet, et la téléivision, et une jeune fille qui subit un inceste, il faut prendre ça en compte, et donc. L'école doit s'ouvrir sur la société, il faut que l'école arrête d'être cet espèce de truc incoryable où on enseigne des machins côte à côte, et caetera. Il faut faire rentrer à l'école la Vie, et l'école elle n'est donc pas là pour instruire, elle est là pour éduquer, c'est à dire éduquer à la vie de société, et il faut donc qu'à l'école on parle d'autre chose que du programme de géographie, il faut qu'on parle de l'entreprise, des partis politiques, de la vie.
Donc ça, c'est les pédagogistes.
Et vous avez une troisième tendance, beaucoup plus silencieuse, beaucoup plus discrète, beaucoup plus dangereuse. Elle dit "mes petits amis, l'école elle est pas là pour instruire, c'est fini ça. Elle est pas là pour éduquer, t'façon... L'école est là pour former. C'est à dire que quand on sort de l'école on doit avoir un métier. Et bien ceux qui sont le mieux placés pour savoir quels sont les besoins dans les entreprises, ce sont les entreprises, et donc il est absolument indispensable que ce soit les entreprises maintenant qui déterminent les contenus des programmes scolaires, okay ? Parce qu'on a pas les mêmes besoins à Beaurinville qu'à Toulouses. Et donc, laissez les entreprises s'occuper de l'école, et vous verrez, il n'y aura plus de chômage".
Et alors Jean Louis de Rouet dit quelque chose d'incoryable, il dit "ils ont tous les trois raison. C'est à dire qu'il est évident que l'école doive instruire, c'est évident. Et à transmetre des connaissances. Il est certain qu'elle doive éduquer à la vie dans la société. Et il est néamoins, cool, que quand on sorte de là, on ait une palce dans le système productif". Ce qui en revanche ne peut pas fonctionner tant qu'on est dans un système de chômage structurel de masse. Mais je vous rappelle que pour s'attaquer au chômage structurel de masse, il faudrait s'attaquer à l'organisation du travail en entreprise. Premier des Droits de l'Homme. Propriété privée des moyens de production. Ha il va falloir faire du socialisme socialiste, si vous voulez régler ça. Ou au moins du communisme, minimum ! Donc ce que dit De Rouet c'est "ce qui est faux dans une société où il y a dix millions de personnes qui sont dehors, c'est que ces trois tendances puissent continuer à prétendre que leur fantasme soit réalisé". Et donc il va falloir qu'ils se mettent d'accord. Il faut réaliser un compromis. Il faut laisser un peu rentrer les entreprises mais pas trop. Surtout pas trop, mais quand même. Il faut éduquer, il faut ouvrir les programmes, il faut arrêter, et en même temps il faut pas tout perdre des programmes. C'est à dire qu'il faut faire discussion sur ce que devrait être nos représenations, nos fantasmes sur l'école. Et De Rouet dit "comme plus personne ne le fait" puisque dès que vous parlez de l'école vous vous engueulez, et donc l'école va s'éclater, et vous allez avoir dans très peu de temps, des école où l'on va instruire, ça sera pour Marie-Cécile et ça sera Ronsard en centre-ville. Des écoles où l'on va éduquer, ça sera pour Karine, et ce sera Nelson Mandela dans la zup, et puis les écoles où l'on apprendra les toutes dernières techniques de pizza avec les toutes nouvelles four à pizza, pour les pizzayolos... Et donc si on voulait empêcher ça, il faudrait faire de l'éducation populaire. C'est à dire qu'il faudrait que les mouvements d'éducation opulaires, les MJC en sont un, organisent le débat publique. La discussion publique, là-dessus. Parce que maintenant c'est dans très peu de temps que ça arrive. Moi je pense que c'est dans moins de deux ans maintenant {retranscrit d'une vidéo datant de 2012}.
Alors le paradoxe dans lequel nous sommes c'est qu'après avoir dit autant de mal de l'éducation nationale, voilà que je pose la question de la sauver.
Parce que, il n'y a que deux solutions ; soit on la laisse crever et on passe au système tout privé tout marchand, avec rémuneration des profs à la performance (vous avez vu ce qu'à fait passer Obama ? Rémunaration en fonction du nombre de diplômés à l'arrivée ; des profs qui ont des résultats devraient être plus payés que des profs qui ont pas de résultat). Et ça ça arrive en france à tout vitesse. Et les profs sont d'accord ! Parce que plein de profs pensent qu'ils sont meilleurs que leur collègue.
Et puis on va passer la compétence éducative aux régions. Gros piège. Parce que les régions savent que, pour attirer les entreprises, elles ont 20 ans pour créer des lycées d'élite, 20 ans. Il faut virer tous les mômes qui traînent, et il faut des lycées d'élite. Et si on a un lycée d'élite dans cette région, alors les entreprises dans 20 ans viendront ici et elles iront pas en Poitoux-Charentes. Vous savez que le décentralisation c'est la mise en concurrence de toutes les régions les unes contre les autres. Vous avez un truc super dans Charlie Hebdo qui est passé il y a quelques mois : la région Haute Normandie et Basse Normandie ont demandé une étude sur l'impact des réunification des deux Normandies, et alors le résultat ce que ce serait la sixième région de france en nombre de salarie, la richesse, bref, un truc incroyable. Et la Charlie Hebdo dit "vous vous rendez compte le pays qu'on aurait si on mettait toutes les régions ensemble ?".
Et donc pour le meilleur ou pour le pire, on va perdre cette école. Pour le meilleur, et ben on pourra peut-être la ecréer sur des bases plus intelligentes, on fera de nouveau des écoles Freinet ; les jeunes ne savent même plus ce que c'est que Freinet, on ne leur en parle pas dans les IUFM. On fera des écoles de le Pelletier de Saint Fargeot, on fera des écoles où il y aura plus de notes, des écoles pédagogiques...
Pour le pire, et bien voilà, le pire vous savez ce que c'est, ça s'appelle les Logiciels Educatifs, qui sont près, tous. D'ailleurs la France est prête à innonder le marché, vous êtes chez-vous et c'est le logiciel qui vous note et évalue votre progression, et donc évidemment, pourquoi l'Europe veut faire ça ? Parce qu'elle pense qu'elle va rafler le marché éducatif mondial. Elle va piquer le marché en Australie, en Inde, au Canada, avec ce logiciel-là, et les autres pensent pareil, tout le monde pense pareil, ça s'appelle la concurrence libre et non faussée, et donc c'est une saletée.
La dernière chose que je voulais vous dire c'est un exemple qui permet de dire qu'il n'y a pas de rapport entre l'école et l'emploi... Vous savez ce que fabrique l'école française ? Elle fabrique du bac+3, et alors, la perspectives de travail sur les dix ans qui viennent en france, sont très connus. Extrêmement bien connus. Vous avez 70% des prochains emplois qui seront crées en France seront des emplois non qualifiés ne nécéssitant aucune espèce de qualification. Aucune. 70%. Les Américains viennent de créer plus de 100 000 emplois de remplisseurs de distributeurs de soda. Pour mettre des canettes pleines à la place des cannettes vides. Et 30% des emplois crées dans les années qui viennent seront des emplois nécéssitant de très très hautes qualifications. Pourquoi ? Parce que les pays riches comme la France, ont décidé de garder tout l'intelligence c'est à dire la Recherche, les ingénieurs, les trucs le plus balèzes, en France, et par contre d'envoyer tout le reste délocalisé dans des pays où la main d'oeuvre est moins chère. Et de garder bien évidemment en France ce qu'on ne peut pas délocaliser ; c'est à dire des gens pour nettoyer pour balayer, pour remplir les distributeurs de cannette. Et donc ce qu'il fout le champ actuellement dans les pays de l'Est, cette voile [de parapente, sur la scène] madame monsieur, cette voile que j'ai acheté à été monté au Bengladesh. C'est une marque Autrichienne. Je peux vous assurer que les gens qui ont montés cette voile qui l'ont assemblé avec des logiciels très très perfectionnés parce quand vous mettez un mec en dessous il s'agit pas qu'il se casse la gueule. Je peux vous assurer que c'est pas des petits prolétaires avec des aiguilles et du fil. Ce sont des bac+3. Et bien tous les bac+3, on les délocalise. L'école francaise fabrique ce sont nous n'auront plus besoin dans les dix ans qui viennent. Et donc l'école a un problème.
Je voudrais finir de vous démoraliser avec une idée fausse de si on adapte le travail à l'emploi, ça crée de l'emploi. Si on adapte l'école à l'emploi, ça détruit de l'emploi. On appelle ça le paradoxe du pizzayolo. Vous avez un patron de pizza qui a besoin d'un pizzayolo. Parce que ses affaires marchent bien, il faut qu'il engage un mec. Là vous avez deux mecs qui se présentent, si les deux n'ont pas de diplôme de pizzayolo -parce que ça n'existe pas-, il va prendre celui qui accepte d'être payé le moins cher, qui veut faire des heures sup... Et il va le former. C'est à dire qu'il va devoir le former. Si vous avez deux mecs qui arrivent et parce qu'il y a une superbe école de pizzayolo, parce qu'on a écouté le gouvernement et qu'on a adapté l'école à l'emploi, donc vous avez un mec qui arrive qui est trop balèze sur les techniques de cuisson de pizza, des deux pareil, il va prendre celui qui accepte de prendre des heures supp, et d'être moins payé. Par contre, le mec qu'est tellement balèze avec sa technique va rapidement être capable de faire le travail de deux personnes. Et donc il va virrer quelqu'un. Et donc vous voyez bien que, quand on adapte l'école à l'emploi, ça ne crée pas de l'emploi. Ça détruit l'emploi. Puisqu'on libère la contrainte de formation de l'employeur et on la fait peser sur la collectivité.
Je voulais vous laisser partir avec cette question : est-ce qu'il faut sauver l'école, est-ce qu'il faut la sauver ? Quand est-ce qu'on va reparler des méthodes pédagogiques des enseignants ? Quand est-ce qu'on va enfin se remetre dans l'éducation populaire à aborder la question de l'école, et ne pas la laisser à l'éducation nationale qui est en train de couler sous nos yeux ?
Madame monsieur, je voudrais vous délivrer mon message final. Madame monsieur, il va falloir arrêter avec la sélection. Madame monsieur il va absolument falloir parvenir à comprendre et à faire comprendre autour de nous que le rôle de l'école n'est pas de trouver du travail. Madame monsieur, il va falloir ne pas renoncer à la carte scolaire, on vient de l'abandonner et c'est une catastrophe dans plein de régions, vous avez des écoles de riches et des écoles de pauvres déjà. Madame monsieur, faudrait supprimer le bac. Faudrait donner le droit à tout fançais le droit de faire des études supérieures. Madame monsieur, il faudrait supprimer les grandes écoles. Faudrait qu'il y ait que le fac. Madame monsieur, il va falloir sauver l'éducation nationale. Il faut pas la laisser à Vivendi. Madame monsieur il va falloir parler de ça dans les mouvement d'éducation populaire, il va falloir, il va falloir, il va falloir...
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