Savoie, 350 mètres d'altitude, terrain ensoleillé : Finalement, je trouve que c'est rassurant que les anciennes techniques soient plus efficaces. Les gens n'ont pas fait n'importe quoi dans leurs potager vivrier pendant des centaines d'années... Et quand je dis anciennes, c'est celles d'avant les intrants chimiques et le labour profond
De plus, le sol et sa biodiversité, c'est à dire les microorganismes, champignons, vers de terre et petites bêtes, sont très différents dans une prairie naturelle et dans un jardin potager. Malgré tout ce que l'on peut lire sur la transformation d'une prairie en jardin en deux clics, ce n'est pas si facile ni même toujours possible de basculer de l'un à l'autre en une ou deux saisons. Même en apportant tout ce qui est théoriquement nécessaire pour reconstituer un sol de jardin.
La technique des "buttes" et tout ce qui ressemble à des "planches surélevées" est particulièrement inappropriée dans ce contexte et spécialement cette année en Savoie. L'hiver a été exceptionnellement sec, et donc les buttes ont été drainées et séchées pendant tout les mois froids. Même si le gel n'a pas été très fort, des zones constituées de beaucoup de matière organique d'apport relativement récent, donc avec une activité biologique assez instable et fragile, ont plutôt été stérilisées par l'air froid qu'autre chose. On peut même dire parfois "lyophilisées". Ensuite, le printemps a été chaotique et les jeunes plants n'ont pas vraiment trouvé un sol assez équilibré pour fournir les nutriments qui leur auraient permis de se développer rapidement. A ceci s'ajoute également des problèmes de concurrence entre les plantes et les microorganismes qui dégradent la matière organique apportée pour créer l'humus du sol. Puis est venue une longue période de très fortes chaleurs en mai et juin qui ont vraisemblablement achevé ce qui s'était passé cet hiver.
Un indice à rechercher : Si il n'y a aucune "mauvaise herbe", alors la terre de surface est (temporairement) stérile.
Les épisodes de pluie fréquents de ce mois de juillet permettent juste à la végétation de ne pas rester en stress hydrique, ce qui aurait été localement et ponctuellement très destructeur.
Tout cela pour dire que la technique traditionnelle en Savoie, à savoir un démarrage du jardin potager en mai avec bêchage complet du sol et implantation des cultures sur une terre complètement reposée et bien enrichie, avec des plants "exotiques" (tomates, aubergines...) bien préparés en pépinières et des semis directs en place sur des zones bien nettoyées, peut être très efficace même sans paillage les premiers mois, si la terre est assez profonde et arrosée pour que les racines puissent s'implanter.
Mais au-delà de la technique de culture, le facteur probablement prépondérant c'est la nature du sol. Si le jardin du voisin est cultivé correctement, c'est à dire enrichi régulièrement depuis de longues années, et laissé en jachère l'hiver, il est beaucoup plus résilient et stable, donc apte à fournir aux cultures tout ce dont elles ont besoin pour effectuer leurs cycles de croissance.